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Dans La Légende de Beowulf, la magie digitale fait que les corps, les objets et le point de vue sont affranchis des lois de la physique sans que l'oeil s'en étonne. Dans le dossier de presse, Zemeckis explique qu'il a voulu garder l'empreinte des contraintes de la prise de vues, et de fait sa mise en scène respecte la division en plans et n'utilise qu'avec parcimonie les effets vertigineux (glissades, changement d'échelle). Cette retenue (relative) contraste avec la brutalité des personnages, des dialogues. Scénaristes et metteur en scène, protégés par leur talisman numérique, s'autorisent des libertés, des paillardises qui - en prises de vues réelles - leur auraient valu, aux Etats-Unis en tout cas, quelques soucis avec la censure. Cette accumulation de contradictions technologiques et artistiques fait de La Légende de Beowulf un film hybride au modernisme un peu monstrueux. Et c'est un récit venu du fond des âges qui assure au film sa cohérence et sa force dramatique.
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Pour les petits Anglais la légende de Beowulf c’est un peu l’équivalent de la Chanson de Roland. Une histoire pas très grand public de prime abord. Et pourtant… Les deux facétieux scénaristes de Zemeckis ont réussi avec brio leur campagne de démocratisation de cette légende transformant au passage le grand héros épique en héritier direct de Conan le Barbare. Il y a donc de la baston au programme de cet irréprochable film d’animation car Beowulf comme le faisait avant lui le Pole Express exploite la technique de « motion capture » pour ne retenir des comédiens que leurs mouvements (ainsi que leur voix bien évidemment). On retiendra notamment le monstre Grendel dont le personnage est en lui même un joyau de laideur et de réalisme rarement égalé. Pour ce qui est de la version 3D, elle est à couper le souffle et enterre largement tous les films en relief sortis récemment.
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La mise en scène spectaculaire n'arrive pas à réchauffer l'ensemble aussi glacé que les Highlands en plein hiver. La technologie de la performance capture donne plutôt un coup de mou à une histoire assez triste, qui rame comme une vieille galère, malgré la plastique d'Angelina Jolie.