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Sa reconstitution prend une envergure saisissante, et sa mise en scène, des allures de tourbillon. Les apartés entre le tsar, aux yeux qui ne connaissent pas l’apaisement, et son fidèle métropolite, chef de l’Église aux sourcils plissés de reproches, sont tous inquiétants. Lounguine rappelle, avec sa griffe, qu’on est toujours seul au sommet et qu’il est impossible d’être ami avec quelqu’un qu’il faut servir. Sous sa patine médiévale et le poids de ses madriers, ce biopic baroque et emphatique est totalement ardent.
Toutes les critiques de Tsar
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Tsar nous délivre le coeur. Le voir, c'est prendre le risque se faire transpercer par le vide depuis le haut d'une falaise.
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(...) ce qui pouvait apparaître comme une oeuvre historico-pédagogique tendance épreuve du bac devient un film passionnant, romanesque et violent, magistralement incarné par Piotr Mamonov, qu'on n'aimerait pas croiser la nuit au coin d'une taïga sombre.
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L'enfer et le paradis, le mal et le bien s'affrontent dans les spasmes de l'histoire. Jusqu'aux derniers plans inouïs.
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Fluide et sans fioritures, Tsar n'est pas avare en moments forts. Dépeintes à travers le regard d'une fillette, les scènes de guerre et de torture (inoubliable combat avec un ours), prennent une intensité saisissante. Le cinéaste insuffle ainsi une portée tragique à son film, sans se départir d'un esprit satirique mordant.
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(...) Le Tsar du cinéaste est une tentative réussie de créer une Russie crédible encore embourbée dans un Moyen Âge dont elle ne parvient pas à s'extraire (...) Lounguine, en utilisant deux comédiens d'exception, Piotr Mamonov et Oleg Iankovski, donne en outre une interprétation saisissante de l'inhumanité du pouvoir et de la force de la spiritualité.
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Thèse et pensées sont habilement dissimulées, si l'on ose dire, sous une forme spectaculaire destinée à plaire, et qui y parvient. Le film a coûté 15 millions de dollars, et ça se voit : musique inspirée (de Youri Krassavine), photo superbe (de Tom Stern, le collaborateur de Clint Eastwood) pour un festival de poursuites, de combats, de trahisons et de tortures. Dans cette fresque étonnante se débat (mais contre qui, sinon lui-même ?) un monstre à l'état pur qui, faute d'humanité, vit (et fait vivre aux autres) l'enfer sur terre. D'où ce dénouement - là encore shakespearien : un roi, seul et fou, pleurant son peuple évaporé.
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Le réalisateur russe Pavel Lounguine signe son premier film historique, une superproduction. Même si le film ne nous épargne rien des délires tortionnaires du tyran (entre autres, la construction d’un parc à thème sur la torture), son enjeu se situe ailleurs : dans le duel entre la barbarie et l’humanité, à travers l’affrontement de deux hommes. L’un est un saint et l‘autre un personnage très complexe : tyran, sadique, tortionnaire, mystique. Ivan le terrible, despote bien nommé, confond son pouvoir et celui de son Dieu, sa cruauté va à l’encontre de sa quête spirituelle. Leur joute rappelle celle, au même siècle d’Henry VIII et de Thomas Moore, ou encore, celle de Thomas Becket et d’Henri II Plantagenet, au XIIe siècle. La puissance et le talent des deux comédiens, Petr Mamonov et Oleg Pankovsk, donnent à ce drame des accents shakespeariens.
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Le film plane comme un aigle au-dessus d'un paysage de désastre et de fureur, sombres cavaliers, vierges sacrificielles, tortures à grand spectacle, ferveurs liturgiques.
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La manière dont le réalisateur choisit d'incarner Ivan se distingue elle aussi, l'acteur Piotr Mamonov (musicien rock de son état) conférant au personnage une trivialité qui a pour avantage de le rapprocher du spectateur et de creuser davantage l'abyme de ses convulsions sanguinaires.
Pour le reste, cette grosse production ne fait que conforter une représentation du drame russe fidèle à la tradition dostoïevskienne, le génie en moins, ce qui ne laisse pas non plus d'être inquiétant sur le plan artistique.
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Le tsar multiplie ainsi, au sein d’une narration épurée qui s’articule en quatre actes ou tableaux successifs, les confrontations physiques et psychologiques, vus comme le seul mouvement à même de faire avancer le drame. On est souvent pris d’un frisson devant cet univers qui, en dépit de sa particularité historique, se situe dans le registre de la violence pure et acharnée, quasi-aveugle, qui laisse des traces et n’épargne ni le sacré, ni le profane. Le tsar est d’une massivité oppressante ; si la scénographie et la palette des couleurs mises en œuvre par Lounguine participent du souffle de la geste historique, quelques effets de montage un peu pompeux, la musique omniprésente et un mixage son plus que tonitruant - accentué par le fait qu’une bonne moitié des dialogues est hurlée - ont pour effet de « sonner » un spectateur sur lequel pèse déjà de tout son poids la charge émotionnelle de ce qui se passe sur l’écran.
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Sans parvenir à la puissance de L'ile (2007), Lounguine nous propose une évocation "stalinienne" d'Ivan le Terrible pleine de moments forts. Mais, par manque de souffle, elle ne parvient pas à gravir la montagne russe qui l'aurait amenée au chef d'oeuvre.
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On pourra certes voir là une considération assez passe-partout sur la persistance d’une autocratie sanguinaire en Russie à travers les âges et les idéologies (d’Ivan IV à Poutine, en passant par Staline). Mais ce type d’exercice cadre mal avec les aptitudes naturelles de Lounguine, cinéaste populaire, moins à l’aise dans les registres politique et épique que dans le trivial (cf. La Noce et Taxi Blues).
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Avec son budget de 15 millions de dollars, cette fresque ambitieuse, violente et fiévreuse réalisée par Pavel Lounguine ( «L'Ile»), est le film le plus cher jamais produit en Russie. Ivan le Terrible, qui porte bien son nom, est certes un personnage fascinant mais le résultat, tantôt spectaculaire, tantôt excessivement théâtral et bavard, se révèle inégal.