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Au départ comique, le scénario épouse peu à peu le point de vue dramatique de cette briseuse de couples dépressive qui agresse la cellule familiale, manipule pour parvenir à ses fins, simule l’humilité, jalouse les nouveaux-nés et porte en elle les stigmates d’une souffrance affective pathologique. Pendant plus d’une heure trente, elle ne trompe personne : tout le monde peut lire en elle comme dans un livre ouvert et l’on guette patiemment le moment où les masques vont tomber. Une sous-intrigue vient cependant tempérer la cruauté du propos : à la place de son amour de jeunesse (Patrick Wilson, formidable en ex-play-boy qui porte tellement bien les pulls de jeune papa), cador éteint dont le disque dur personnel des années 90 a complètement crashé, Mavis retrouve surtout l’ancien freak éclopé du lycée (excellent Patton Oswalt), qui devient son confident. Cette amitié entre l’ex-reine du bal de promo et le geek impuissant, fausse piste semblant indiquer une possible rédemption, aurait été convenue, si elle ne véhiculait la profonde mélancolie des fantasmes accomplis sur le tard. Sans jamais chercher le coup de force narratif, Jason Reitman et Diablo Cody mélangent le passé et le (re)devenir pour parler du sentiment d’échec qui tord le ventre. L’alchimie entre le réalisateur et la scénariste fonctionne encore mieux que dans Juno, leur précédente collaboration : il a la discrétion du metteur en scène qui s’efface derrière ses personnages; elle utilise les mots comme des armes, sans s’abîmer dans la leçon de choses. Young Adult n’est donc pas un film générationnel fait par et pour des trentenaires décalcifiés. Comme le titre l’indique, il capte les limbes entre deux âges, cette pénible attente entre les réminiscences brumeuses de l’adolescence et les contingences du passage à l’âge adulte, en communiquant une trouille partagée par tout le monde : celle d’être passé à côté de sa vie.
Toutes les critiques de Young Adult
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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L'éclat nauséeux de Young Adult réside dans le refus du récit de faire de Mavis un personnage ne représentant aucune menace, malgré sa monstrueuse folie, en tombant dans la caricature - et aussi, le refus du cinéaste de la mettre de côté par moment. (...) Elle demeure irrésistiblement antipathique, l'horreur de son manque de conscience de soi s'emmêle inextricablement avec l'hilarité de son embarras. La très jolie Theron embrasse les désagréments de ses enfantillages internes avec une telle précision, que cela nous donne envie d'en savoir plus sur sa propre enfance. Le tout soulève aussi la question de la conception d'un film si singulier rendant ainsi Juno - pourtant décalé et sombre - un brin "pipi-caca". Young Adult est brinquebalé avec de méchants écarts de route, pointant fièrement son majeur dans les airs, vers une fin heureusement exempt d'optimisme, de confusion ou de confort. Voilà un divertissement pour adultes.
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par Cécile Mury
Si l'on retrouve la verve méchante de Jason Reitman et de sa complice de Juno la scénariste Diablo Cody, ce portrait de femme sous influence doit beaucoup à son interprète, Charlize Theron. On ne l'avait pas vue aussi inspirée depuis Monster. Elle est experte pour malmener sa divine beauté, pour y laisser frémir les blessures du temps. Elle nous fait croire à cette grande gigue abrasive, tendue, souvent insupportable mais jamais repoussante. Le seul « monstre », ici, c'est la nostalgie
Le film traine un peu la patte mais on se réjouit de la féroce subtilité avec laquelle il croque ces adultes immatures (...) Godiche ou snob, pathétique ou narcissique, l'impériale Charlize Theron exprime les contradictions d'une Mavis à laquelle on finit progressivement et réellement par s'attacher.
Côté humour grinçant et dialogues incisifs, le film assure, mais il vaut surtout pour la performance dynamitée de Charlize Theron.
(...) "Young Adult" séduit tant par sa réalisation que par son scénario. On retrouve, derrière une mise en scène efficace, le goût de Jason Reitman pour les personnages grinçants, développé précédemment dans "Thank You for Smoking" ou "In the Air".
Un monstre en jogging rose lâché sur la banlieue endormie, qui laissera derrière elle un sillage de rires et de désolation. Jason Reitman et Diablo Cody, sa scénariste de « Juno », ont confectionné une comédie où le désespoir affleure méchamment. Theron, dans le rôle de l’adulte coincée en enfance, est prodigieuse.
Young Adult orchestre la rencontre de duex médiocrités, celles des beaufs contents de leur sort et de la garce condescendante. Évidemment personne n'en sort gagnant, sauf le spectateur qui; s'il passera un moment assez noir et mélancolique, savourera la composition délicieusement antipathique de Charlize Theron.
Même si Young Adulte hésite trop entre la comédie et le drame, et si son rythme s'effiloche, ce portrait de reine du lycée déchue et déçue par la vie est plutôt bien senti.
Le récit doit sa pertinence à la crédibilité de ses situations et au portrait de cette héroïne narcissique pour laquelle on éprouve quand même de l'empathie (...) Le cheveu filasse, les yeux cernée et le maquillage qui coule, Charlize Theron est méconnaissable est extrêmement convaincante.
Entre deux trois scènes cocasses et quelques beaux dialogues bien écrits, Young Adult peine à se hisser parmi les grands. Il y a pourtant une belle manifestation de talents, un refus du manichéisme bienvenue (la province génère son lot de "beaufs" et une intolérance qui n’est pas oubliée), mais comme d’hab avec Jason Reitman on ressort avec l’envie de voir le prochain tout en ayant déjà oublié le précédent... Avec un peu plus de cynisme, pour sûr, c’est qu’il y arriverait le père de Juno. Il faudrait juste que son staff et lui se lâchent un peu plus.
Charlize Theron s'éclate en quadra biatch dans une "dramédie" romantique beaucoup moins piquante que prévue.
Après Jonu, Jason Reitman et Diablo Cody font de nouveau équipe pour un portrait de femme acide (...=) ils dressent le portrait d'une casse-bonbon qui planque une vie brisée derrière sa méchanceté. Traversé par un humour amer, Young Adulte est plus proche du drame que du feel-good-movie. C'est bien aussi.