Portrait terrifiant d’un tueur en série, Schizophrenia, de Gerald Kargl, ferait presque passer Funny Games pour un épisode de Hannah Montana. Gaspar Noé, dont c’est l’un des films préférés, tenait à vous le présenter.Propos recueillis par Thomas Agnelli.« J’ai entendu parler de Schizophrenia pour la première fois au moment de la sortie de mon moyen métrage Carne (1991). François Cognard, journaliste au magazine Starfix, me l’avait conseillé, persuadé que j’allais adorer ce film réputé malsain. Je l’ai découvert en VHS, éditée à l’époque en version française par Carrere. Dès les premières images, ça a été un choc. Le sujet est simple (un tueur en série assassine ceux qui se trouvent sur son chemin), mais le traitement inédit. Par la suite, je l’ai prêté à d’autres cinéastes comme Marc Caro ou Jan Kounen, qui était dans le même état que moi quand il l’a regardé et a tenté de décrypter les mouvements de caméra du chef opérateur Zbigniew Rybczynski. Depuis, j’ai revu Schizophrenia plus de quarante fois, presque autant que mon film préféré, 2001 : l’Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick. »« UNE INFLUENCE MAJEURE »« Contraint d’autofinancer Schizophrenia, le réalisateur Gerald Kargl s’est retrouvé ruiné et n’a plus rien tourné ensuite. Quel gâchis, quand on y pense… Comme de nombreux films audacieux en avance sur leur époque, celui-ci semblait condamné à l’oubli. Mieux vaut prévenir : Henry, portrait d’un serial killer est très gentil à côté. En France, Schizophrenia a été interdit aux moins de 18 ans en salles, qualifié d’“incitation à la violence” par le comité de censure. Inexploitable dans un circuit traditionnel, il était donc difficile à voir. Pourtant, il a eu une influence majeure sur mon travail. La subjectivité, le récit d’une vie à travers des diapos, les monologues formidablement écrits…, j’ai tout repris dans Seul contre tous. La sensation que l’action se déroule en temps réel ou la scène de viol m’ont, quant à elles, inspiré pour Irréversible, même si c’était moins conscient. À bien des égards, Schizophrenia est un film essentiel, au même titre qu’Eraserhead, Soy Cuba, Salo ou les 120 jours de Sodome et Un chien andalou. Il ne ressemble à rien de connu. »Schizophrenia est disponible en édition double DVD/Blu-Ray restaurée chez Carlotta Films.
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