Avec Birdman, Alejandro Gonzalez Inarritu s'intéresse à la tentative de come-back d'un acteur ayant connu un grand succès dans les années 80 grâce à un rôle de super-héros. Ce n'est certainement pas un hasard s'il a demandé à Michael Keaton, l'interprète de Batman le temps de deux blockbusters de Tim Burton, d'interpréter ce personnage en quête de reconnaissance. Et c'était aussi visiblement une manière d'évoquer le manque de crédibilité des films de super-héros, plus à la mode que jamais ces derniers temps."Franchement, je comprends qu'on fasse une fixette sur les comics quand on a 7 ans, mais continuer à s'accrocher à ces histoires pour enfant en grandissant, c'est un peu dérangeant, explique-t-il à Deadline. (...) Je passe parfois un bon moment devant un blockbuster de ce type, car ils sont faciles à comprendre et qu'ils s'apprécient bien avec du popcorn. Le problème, c'est que parfois, ils se veulent inspirés de mythologie antique ou de trucs profonds, alors qu'en fait, ils sont plutôt bas du front. Ce qui me gêne, c'est qu'ils n'ont pas de valeurs véritables. Ils montrent des croyances qui ne sont pas celles des hommes ou des héros qui ne correspondent pas à ceux qu'on voudrait voir. Ces personnages ne me parlent pas du tout. Pour moi, c'est comme du poison, comme un génocide artistique car le public s'habitue à ce type d'histoires, il est surexposé à ces pitchs expéditifs et ces explosions géantes qui ne disent absolument rien sur le genre humain ou l'expérience de la vie. (...) En fait, même le mot 'héros' me dérange. Mais qu'est-ce que ça veut dire, bordel ? Un super-héros, c'est une conception faussée. Quand on y ajoute de la violence, ça devient carrément primaire. Et quand vous observez la mentalité de ces films, c'est toujours pareil. L'histoire de gens riches, qui ont du pouvoir, qui font le bien et tuent les méchants. Philosophiquement parlant, je n'aime pas ça. (...) Dans le fond, c'est creux. C'est comme une boîte, qu'on ouvre pour y découvrir une autre boîte, puis encore une autre, mais qui au final ne mène jamais à la vérité".Son message est clair, ça ne l'intéresse pas ! Si vous espériez que le réalisateur de 21 Grammes et Babel réalise un jour un film de super-héros, c'est raté. Surtout qu'un autre problème l'interpelle à ce propos : les blockbusters de ce genre trustent actuellement le box-office, au point d'éclipser tout le reste. "A Hollywood, ce n'est pas un secret, les gens veulent gagner beaucoup d'argent. Quand vous mettez 100 millions de dollars dans un film et que vous en récoltez 800 ou même 1 milliard, c'est facile de convaincre les financiers de vous refiler du boulot. Alors que si vous récoltez 80 millions à partir d'un budget de 20, on ne vous félicitera pas, on vous dira : '80 millions ? Mais moi, j'en veux 800 !'. En gros, ces films éclipsent tout le reste."Alejandro Gonzalez Inarritu a tout de même réussi à mettre en scène Birdman, qui a été apprécié lors de son passage à la Mostra de Venise et qui a bien démarré aux Etats-Unis. Il sortira le 25 février en France :
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- Alejandro Gonzalez Inarritu : "Les films de super-héros, c'est un génocide culturel"
Alejandro Gonzalez Inarritu : "Les films de super-héros, c'est un génocide culturel"
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