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C’est votre 3ème année consécutive à Cannes. Que représente le festival pour vous?C’est un étrange parcours: il y a 14 ans, j’arpentais la croisette avec Nicolas Winding Refn pour essayer de vendre Bleeder, un film dont personne ne voulait. Nous avons fini par rentrer à la maison. Douze ans plus tard, j’ai gagné un prix d’interprétation (avec La chasse), et cette année, Nicolas fait partie du jury. Cannes a été très bon pour les films danois et pour moi.Vous l’avez croisé cette année, Nicolas?Très brièvement, parce qu’il n’est censé parler à personne.  Mais il ne peut pas s’en empêcher.Vous vous voyez au Danemark?Seulement pour travailler. Nous sommes très différents. Il est obsédé par le cinéma et ne parle que de ça, alors que je ne parle que de sport. Donc, nous n’avons rien à nous dire. Je crois que ça nous aide à nous entendre lorsque nous travaillons. Nous avons une relation très symbiotique.L’année dernière, vous étiez là pour Michael Kohlhaas. Il y a beaucoup de similarités avec The Salvation (présenté cette année hors compétition).Je crois. Arnaud (des Pallières) était conscient des liens avec la mythologie classique du western: le personnage qui s’oppose au système et rend la justice lui-même. C’est un thème commun aux westerns, mais aussi aux films de Kurosawa ou aux films de kung fu hong kongais. C’est le matériau dont on tire de bonnes histoires. Le Christ correspond aussi à la description, mais je ne le verrais pas dans un western (rire).Vous étiez familier du genre?Comme tout le monde, j’en ai vu à la television étant petit, mais je n’y étais pas accroché. J’ai aimé les Sergio Leone, Impitoyable, et les plus anciens aussi, mais ma vraie passion ce sont les films de Bruce Lee. A la base, c’est toujours la même histoire : le bien et le mal, l’injustice, la civilisation.La perspective de faire un western vous a excité?Beaucoup. Même si, au début, l’idée d’un western danois peut faire froncer les sourcils. Kristian (Levring, le réalisateur) a raison de dire que le western raconte une histoire d’Européens. C’est nous, les Français, les Italiens, les Scandinaves, qui avons fait l’Amérique. A la fin du XIXème, le nouveau monde était rempli d’accents et de nationalités différentes. Le western est donc un genre qui nous appartient. Et ça tient la route de l’avoir fait. Quand j’ai lu le script, j’avais envie de commencer tout de suite. C’est un projet ambitieux parce que cher, mais nous ne voulions pas le faire à moitié.Interview Gérard DelormeBande-annonce de The Salvation, qui n'a pas encore de date de sortie française. Voir aussi :REVIEW - The Salvation : un hommage appuyé et assumé à Sergio Leone