Angelina Jolie dans Maria
Fabula Productions

A quelques mois de la grande messe du cinéma, Angelina Jolie semble bien partie pour être l'une des favorites de la catégorie meilleure actrice pour le biopic de Pablo Larrain.

La 81e Mostra de Venise se terminera dans quelques heures, et pendant qu'Isabelle Huppert et son jury sont en train de délibérer pour dévoiler ce soir le palmarès, il y a un nom qui revient sur toutes les lèvres ; celui d'Angelina Jolie. Elle a bluffé tout le monde en début de festival grâce à Maria, biopic signé Pablo Larrain s'intéressant aux derniers jours de la vie de la célèbre cantatrice. Après des années de succès, sa voix s'est brisée, et seule dans une chambre d'un célèbre palace parisien, elle se souvient de sa gloire passée... 

La star de Lara Croft et de Maléfique gagnera-t-elle ce soir un prix d'interprétation ? Et sera-t-elle à nouveau en lice pour les prochains Oscars ? C'est ce qui s'est murmuré toute la semaine sur le Lido.

Angelina Jolie acclamée et en larmes à la Mostra de Venise

Les débats sur les biopics sont inhérents à la matière même du film : raconter de façon plus ou moins chronologique et didactique l’histoire d’une personne ayant existé. Ils ont beau ne jamais en finir, il n’en demeure pas moins que ce genre est l’un des grands pourvoyeurs de prix. On parle même de « films à Oscars ». Pour Angelina Jolie, Maria pourrait ainsi marquer l’occasion de gagner sa deuxième statuette, après celle de la meilleure actrice dans un second rôle en 2000 pour Une vie volée de James Mangold, où elle campe une femme s’échappant d’un hôpital psychiatrique avec une autre patiente jouée par Winona Ryder.

En 2009, la comédienne avait déjà été nommée parmi les meilleures actrices pour L'Echange, de Clint Eastwood, mais c'est une autre comédienne qui avait gagné le trophée : Kate Winslet pour The Reader.

Après Neruda, Jackie et Spencer, le dernier né des biopics de Pablo Larrain se nomme donc Maria. L’histoire de Maria Callas -bizarrement encore jamais traitée à Hollywood malgré la frénésie de films biographiques de l'époque. Cantatrice de génie devenue véritable star planétaire, elle est ici dépeinte par le prisme de sa vie à Paris, peu de temps avant de mourir.

La prestation d’Angelina Jolie a ému les festivalier de la Mostra de Venise. Confondante de réalisme, son incarnation de la chanteuse prête moins à la technique de l’Actors Studio qu’à une véritable transformation physique. C’est simple, avec ses grosses lunettes et sa coupe de cheveux légèrement vieillotte, sa voix inimitable, elle devient Maria Callas. En ce sens, elle est époustouflante et devrai, si les bookmakers ne se trompent pas, concourir à l’Oscar 2025 de la meilleure actrice.

De plus, la prestigieuse récompense peut sacrer une carrière en plus d’un film. Comprendre : en sus d’un rôle mémorable, un acteur ayant vécu un drame personnel ou une traversée du désert plus ou moins longue sera toujours légèrement favorisé par rapport à un concurrent jugé plus lisse. On pense fort à Brendan Fraser en 2023 qui a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour The Whale -préféré notamment à Austin Butler dans le très poli Elvis -comme quoi le biopic n’est pas toujours gage de sûreté- totalement à contre-emploi en professeur obèse à l’article de la mort.

Ici, récompenser une Angelina Jolie revenue en grâce après une bonne dizaine d’années de succès en demi-teinte aurait du sens dans un pays qui place la résilience comme une doxa. Par ailleurs, l’actrice de 49 ans partage avec Maria Callas une personnalité parfois incomprise, sinon méconnue. Starifiée toutes les deux, elles ont dû conjuguer cette célébrité avec la conduite de leurs carrières respectives. Un chemin de croix pour une femme dans des univers si masculins que sont le cinéma et la chanson. Elle partagent aussi des histoires intimes très suivies par la presse à scandale, et souvent malheureuses. Ce parallèle donnerait à la performance d'Angie une acuité et "une profondeur décuplées", écrit par exemple Variety.

Autre argument de poids avancé cette semaine par cet incontournable journal hollywoodien, à propos des chances d'Angelina Jolie et Maria : les deux comédiennes choisies par le réalisateur Pablo Larrain pour ses précédents biopics ont toutes les deux été nommées à l'Oscar de la meilleure actrice. Natalie Portman, son interprète de Jacqueline Kennedy dans Jackie a cependant perdu face à Emma Stone en 2017 pour La La Land, et Kristen Stewart, qui concourait en 2022 pour son rôle de Diana dans Spencer, a elle été doublée par Michelle Yeoh dans Everything Everywhere All at Once. Jamais deux sans trois, avec, cette fois, une victoire à la fin ?

Il ne faut pas non plus négliger l’apport des studios dans ce qu’il est communément appelé la course aux Oscars. En effet, les poids lourds lancent quelques mois avant la cérémonie de mars une authentique campagne médiatique pour faire monter un film qui serait éligible. L’idée en direction des votants est élémentaire : plus on entend parler d’un film plus on est susceptible de le choisir. Si Columbia Pictures est celui qui a remporté le plus grand nombre de statuettes dorées dans l’histoire, un studio met les moyens depuis quelques années : Netflix. Lequel vient justement de racheter les droits de Maria. Un soutien, financier et médiatique, qui pourrait définitivement paver la voie à Angelina Jolie. Si elle remporte une nouvelle statuette quinze ans après Une vie volée, cela consacrera définitivement le retour au premier plan d'Angelina Jolie.


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