Retour sur les techniques de tournage toujours plus folles du réalisateur de la trilogie Dark Knight, Inception, et Oppenheimer.
Qui aurait un jour pensé pouvoir reconstituer un essai nucléaire dans le désert du Nouveau-Mexique, le tout sans images de synthèse? Christopher Nolan l’a fait. Que ce soit dans un thriller historique (Oppenheimer), un film de guerre (Dunkerque) ou d'espionnage (Tenet), une aventure de super-héros (The Dark Knight) ou de science-fiction (Interstellar, Inception), la méthode Nolan en met toujours plein la vue… mais avec le moins d’effets spéciaux possible. Si elles sont très utilisées dans les productions hollywoodiennes, le réalisateur n’est pas un grand adepte de ces technologies numériques. Il est parfois difficile d’y croire, mais ces cinq scènes incontournables de sa filmographie sont bien des effets "pratiques", et non du CGI.
Les films de Christopher Nolan classés du pire au meilleurLe couloir en apesanteur d’Inception
Elle nous a donné le tournis, mais sans effets spéciaux numériques : c’est cette scène improbable dans laquelle Arthur (Joseph Gordon-Levitt) se bat dans le couloir de l'hôtel, avec une gravité qui semble difficile à maîtriser. Pour l’occasion, l’équipe a créé de toute pièce un long couloir d’hôtel capable de tourner à 360° pour simuler l’effet de l’apesanteur. Une fois opérationnel, le décor pouvait atteindre 8 tours par minute. Et pour filmer à l’intérieur, il a fallu monter une caméra télécommandée sur un plateau qui se déplaçait sur des rails situés sous le plancher. Cette courte séquence devenue emblématique aura demandé trois semaines de travail et la participation de 500 personnes, sans parler du processus épuisant voire dangereux pour les acteurs.
La bibliothèque infinie dans Interstellar
Un effet spatial assuré, sans fond vert : c’est la scène du tesseract, l'espace qui donne au temps une dimension physique. Cooper (Matthew McConaughey), après avoir décidé de rentrer dans un trou noir, se retrouve piégé dans cette bibliothèque infinie, l’un des décors clé du récit. Nolan et son équipe chargée des effets spéciaux ont tergiversé pendant des mois avant de trouver un moyen de créer la scène. Et ils n'ont visiblement pas choisi la facilité... Plutôt que de se servir d’effets numériques, les équipes ont construit la bibliothèque en un décor physique et massif, dans une pièce sous forme de cubes en quatre dimensions. On estime qu'il y avait également 15 projecteurs sur le plateau qui donnaient à la dimension supplémentaire un aspect dynamique et scintillant.
Le camion retourné dans The Dark Knight, le Chevalier noir
La plus grande cascade du film est bien réelle : face à un Joker (Heath Ledger) qui roule à toute vitesse dans les rues de Gotham aux commandes d’un camion, Batman (Christian Bale) utilise sa Batpod pour renverser le véhicule de plusieurs tonnes, qui finit par faire un tonneau à la verticale. La scène n'a pas été tournée en studio, mais dans le quartier des banques de Chicago avec un véritable camion à dix-huit roues : l'équipe chargée des effets spéciaux a ajouté un piston sous la remorque (supprimé numériquement lors de la post-production), avec une charge de TNT à sa base. Une fois la charge déclenchée, le piston a frappé le sol suffisamment fort pour renverser le camion. Le siège du conducteur a dû être renforcé avec plusieurs barres d'acier afin de protéger le cascadeur, Jim Wilky, et de le maintenir en place pendant le virage à 180 degrés. Six semaines de calculs ont été effectués en amont pour rassurer l’assurance...
Le champ de bataille grandeur nature de Dunkerque
Reconstitution de mai 1940... sans intelligence artificielle : 400 000 soldats anglais, canadiens, français et belges se retrouvent coincés par les troupes allemandes à Dunkerque. Près de 80 ans plus tard, Christopher Nolan recrée l'opération Dynamo à l'écran. Le temps du tournage, la plage historique est transformée en plateau de cinéma géant. Et le réalisateur ne semble pas avoir perdu son souci du détail : pour l’entièreté du film, c'est une armée de près de 6 000 figurants qui a participé, entourée par environ 450 techniciens. Il a également utilisé des techniques astucieuses pour renforcer l’effet de foule, comme des silhouettes de soldats en carton. Et le spectacle continue sur mer et dans les airs lorsque Nolan décide de faire chavirer des navires d’époque ou d’accrocher des caméras IMAX sur les ailes des avions…
Le crash du Boeing 747 dans Tenet
Dans Tenet, Christopher Nolan a encore vu les choses en (très) grand : il a acheté un vieux Boeing 747 de la compagnie Cathay Pacific (un "achat compulsif", selon lui), qu'il a repéré sur les lieux de tournage près de Victorville, en Californie. Pas question en effet d’utiliser une miniature ou des images de synthèse pour simuler son explosion, dans l’une des scènes d’action clé du film. Selon lui, il aurait même été plus efficace d'en acheter un plutôt que de fabriquer un modèle réduit ou de le créer numériquement. Le Boeing a d'ailleurs été repeint aux couleurs de la compagnie fictive Norskfreight et immatriculé LN-WTJK. Une véritable explosion qui aura passionné les fans d’aviation et impressionné l’équipe du film.
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