Million Dollar Baby
Warner Bros.

En 2005, Clint présentait Million Dollar Baby dans Première.

C8 programme ce soir le drame poignant de Clint Eastwood, Million Dollar Baby, qui suit la formation de boxeuse de Hilary Swank . A sa sortie, au printemps 2015, le cinéaste avait répondu aux questions de Christian Jauberty dans Première (n°337 avec Will Smith en couverture). Nous en avons sélectionné cinq ci-dessous pour patienter jusqu'à la rediffusion de ce classique des films de boxe.

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Pourquoi avez-vous choisi Hilary Swank pour le rôle de Maggie ?
Je l’avais vue dans Boys Don’t Cry [Kimberly Pierce, 00] bien sûr, et dans quelques autres films comme Insomnia [Christopher Nolan, 02]. J’aime sa manière de jouer, sa présence. Elle a l’air vraie et apporte toujours à ses personnages un petit quelque chose qui n’est pas forcément dans le script. Quand je l’ai rencontrée, j’ai remarqué qu’elle se déplaçait de façon très athlétique. Mais elle était aussi très mince, trop pour le rôle. Pour s’étoffer, elle a dû se soumettre à un entraînement physique intensif et à un régime alimentaire strict. Je dois dire que sa volonté m’a impressionné. Elle voulait rendre justice au personnage avec la même force que déploie Maggie pour devenir championne

L’ambiance de Million Dollar Baby renvoie à  certains films des années 30 et 40 comme Nous avons gagné ce soir, de Robert Wise [49]. Est-ce volontaire ?
J’aime beaucoup Nous avons gagné ce soir. C’est vraiment un bon film sur la boxe. Je crois que l’une des choses qui m’attirait dans ce projet est qu’il me rappelle des fictions qui auraient pu être tournées dans les années 40 ou à d’autres époques, bien loin de ces histoires sur des personnages contemporains qui s’agitent en costumes de superhéros. J’aime passionnément mon métier. Mais plus Hollywood cherche à faire des produits préfabriqués, plus j’éprouve du plaisir à jouer les rebelles en tournant des histoires dans lesquelles les personnages prennent le dessus sur les effets spéciaux.

Il y a dans Million Dollar Baby une part égale de joie et de tristesse [critique]

Existe-t-il un rapport entre le jazz (comme pour Mystic River, Clint a lui-même composé la musique de Million Dollar Baby, ndlr) et votre manière de faire des films ? 
Certainement. Je joue la mélodie et je respecte sa structure, mais j’aime aussi improviser pour voir ce qui peut arriver. Quand l’instinct d’un acteur l’amène à faire quelque chose de différent de ce que j’avais prévu, je suis prêt à le suivre. J’aime que les gens avec lesquels je travaille se sentent libres d’essayer des choses.

Le mot légende revient souvent dès que l’on parle de vous. Comment ressentez-vous ça?
Je ne me vois pas comme les gens me voient, et certainement pas comme une légende. Je suis obligé de vivre avec moi-même tout le temps et la familiarité engendre le mépris. Je fais du cinéma de différentes manières – et avec plus ou moins de succès – depuis cinquante et un ans. C’est beaucoup. Il se trouvera probablement des gens pour dire que c’est trop. Pour d’autres, je fais juste partie du décor...

Sentez-vous le poids de ces années?
Je ne sais pas. Récemment, on m’a demandé d’enregistrer de nouveaux dialogues pour des scènes inédites du Bon, la Brute et le Truand [Sergio Leone, 68]. Difficile de penser que ma voix puisse être la même qu’à l’époque... Heureusement, je n’avais pas beaucoup de répliques. Je me suis retrouvé devant l’écran, face à un type qui était plus jeune que mon fils. Ça fait un drôle d’effet. J’ai eu un instant de nostalgie en repensant à ces journées passées dans les plaines d’Espagne avec Sergio, Tonino Delli Colli et toute l’équipe. J’ai essayé de me souvenir de ce que j’avais en tête à l’époque, de mes rêves, mais c’est difficile. En tout cas, je n’aurais jamais pu imaginer alors qu’à 74 ans, je ferais ce que je fais aujourd’hui. Je me voyais plutôt assis devant ma maison à fumer la pipe, comme Gene Hackman dans Impitoyable.


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