Le film de David Fincher, rediffusé ce soir sur TMC, est en couverture du Première Classics de la rentrée.
Seven revient à la télé sur TMC le dimanche 24 septembre à 21h10. Attention, si vous ne l’avez pas vu, on risque de (légèrement) spoiler la fin -même si le deuxième film de David Fincher reste dans les mémoires, ce n’est pas seulement à cause de son final traumatisant, mais aussi à tout ce qui précède ce final : la direction artistique démente, le travail sur l’image terrassant, la dynamique du duo de flics joués par Morgan Freeman et Brad Pitt, et évidemment le script diaboliquement méthodique d’Andrew Kevin Walker.
On vous raconte les coulisses du tournage du film dans le numéro 25 de Première Classics, qui vient de sortir en kiosques. C’est bon, vous venez de (re)voir Seven ? Alors, si on reparlait un peu de la fin ? Ou plutôt des fins, puisque Seven a bien failli ne pas terminer comme on le sait…
Sommaire de Première Classics n°25 : Seven, Jane Birkin, La Nuit américaine, Wim Wenders, The Wicker Man..."Dans 50 ans, des petits jeunes de 20 ans seront en train de boire un verre, et ils parleront du film d'hier soir à la télé, ils se rappelleront plus le nom des acteurs -mais ils diront que Seven sera "le film avec la tête dans la boîte". Voilà comment Fincher a essayé de persuader le producteur du film, Arnold Kopelson, de garder la fin initialement écrite par Walker. Fincher avait des raisons de se battre : rincé par le tournage catastrophique de son premier long-métrage Alien 3, qui lui a fait jurer de ne plus jamais travailler pour un gros studio, on lui avait envoyé par erreur un script de Seven avec la fin originale… Celle avec la "tête dans le boîte". Surexcité par ce qu’il lit, il accepte de tourner Seven : mais la violence et la noirceur du film est telle que Kopelson refuse la fin telle quelle. "Ce film ne finira pas avec une tête dans une boîte", affirme-t-il. Alors comment faire ?
Une prise d’otage dans une église
Avant que David Fincher ne soit engagé sur le film, Seven devait être réalisé au début des années 1990 par Jeremiah S. Chechik. Ce dernier avait tourné la comédie de Noël à succès National Lampoon's Christmas Vacation (1989) avec l'ex-Saturday Night Live Chevy Chase, et sorti directement en vidéo chez nous, joliment traduit par Le Sapin a les boules… Et Walker doit changer la fin de son film pour en faire un happy end. "Le changement qu’on me demandait tout le temps était de garder vivant le personnage de Gwyneth Paltrow. Qu’elle soit en danger à la fin, mais qu’elle soit sauvée", nous racontait Walker en 2014. "Quand Chechik était engagé sur le film, il m’a même fait écrire une fin située dans une église abandonnée avec sept tableaux représentant les sept péchés..." Et où Mills affronte donc John Doe qui a pris sa femme en otage, mais lui sauve la vie. Mais le studio qui avait les droits de Seven ferme en 1994 et le producteur Arnold Kopelson rachète le script pour le proposer au studio New Line, qui le proposera à son tour à Fincher…
Le chien dans la boîte
Dans une des versions du script, c'est une tête de chien qui s'y trouve (puisque le couple David/Tracy possède trois clébards) afin d'atténuer un peu la violence de la chose. Mais Kopelson est bien le seul à penser qu'on devrait se débarrasser de la tête. Brad Pitt, qui a signé pour jouer dans le film avec la première version du script, veut aussi la tête dans la boîte. Morgan Freeman aussi. Tout le monde veut la tête, sauf Kopelson.
Le test du "cut to black"
Mi-1995, lors de la projection-test de Seven au Lincoln Center de New York, Fincher donne une consigne stricte aux projectionnistes : terminer sur un "cut to black" et laisser une quinzaine de secondes de noir profond après la dernière image du film pour que le public puisse encaisser le twist final. Dans le montage projeté, Mills flingue John Doe, et un policier en hélico qui couvre la scène hurle au secours. Fin sur noir profond. Sauf qu’à la place du "cut to black" tant désiré, les projectionnistes rallument immédiatement les lumières dans la salle. A la sortie, Fincher tombe sur trois femmes d'âge moyen, "genre des institutrices du Midwest". Et l'une d'entre elles balance cette phrase : "il faudrait tuer les gens qui ont fait ce film".
Départ en retraite
Afin d’atténuer la violence de la fin, on a également proposé à Fincher une drôle de fin alternative : ce n’est pas Mills qui flingue John Doe, mais Somerset ! Juste après le coup de feu, on découvre que c’est le vieux flic qui a tué le serial killer. Et qui déclare, revolver encore fumant à la main, "on va dire que c’est mon départ à la retraite…" Une punchline carrément ringarde, façon L’Arme fatale, qui n’a jamais été tournée, mais simplement storyboardée afin justement de montrer qu’elle ne fonctionnait pas.
Le happy end
A la suite de la projection test désastreuse, Fincher acceptera tout de même de tourner un épilogue nocturne. C’est la fin de Seven telle qu’on la connaît : les flics sur la scène du crime, Mills embarqué en voiture, avec la voix off de Morgan Freeman qui philosophe en citant Hemingway… C’est un post-scriptum un peu bancal, qui est peut-être la moins bonne scène du film, d’accord, mais il faut dire que la barre est vraiment très haute.
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