Jalouse
Mandarin production / Studio Canal / France 2 Cinéma / Séverine Brigeot

Dimanche soir sur France 2, portrait d'une femme au bord de la crise de nerfs.

C’est quoi un “Karin Viard movie” ? Un film où l’héroïne est animée de violentes pulsions de vie et où le ton oscille en permanence entre rire et émotion. On pourrait ainsi qualifier Jalouse, le deuxième film des frères Foenkinos (David et Stéphane), dans lequel l’allègre actrice interprète Nathalie, prof en khâgne psychorigide qui élève sévèrement sa fille unique. Dès le départ, on sent que quelque chose cloche chez elle : trop sarcastique, pas assez bienveillante. Nathalie jalouse tout, sa meilleure amie bien dans ses baskets, le couple que forme son ex-mari avec une plus jeune femme, sa nouvelle collègue bourrée d’idées, jusqu’à sa fille qui s’épanouit dans la danse (“tu as préféré le corps à l’intellect”, lui dit-elle vacharde). Bref, Nathalie est une perverse narcissique qui s’ignore.

Un personnage qu’on aime détester
Bizarrement, le film est moins bien dialogué et écrit qu’il n’est mis en scène –rappelons que David Foenkinos est un écrivain à succès à qui l’on doit notamment La Délicatesse. Certaines répliques et situations sont ainsi particulièrement plates ou téléphonées, à l’instar de cette séquence vue mille fois où Nathalie découvre le mari de sa meilleure amie avec une autre, ce qui génère un quiproquo dispensable. Les Foenkinos sont en revanche doués pour créer de la tension entre les protagonistes et pour valoriser l’interprétation de chacun. De tous les plans, Karin Viard est évidemment celle qui tire le casting vers le haut et qui donne au film sa tonalité singulière, Jalouse se focalisant, c’est assez rare, sur un personnage de femme assez détestable dont Isabelle Huppert aurait fait un énième monstre mondain. Viard lui apporte ce petit supplément d’âme et de comédie qui en renforce l’ambiguïté. Elle est tout simplement formidable.  


Le film qui... de Anaïs Demoustier