Les crevettes pailletées
Thibault Grabherr

Un Grand Bain version gay un peu foutraque mais qui surnage grâce à son émotion et son humour.

On attendait ces Crevettes pailletées au tournant car il y avait un petit côté Grand Bain version queer dont on se méfiait. Forcément, on pense beaucoup au film de Gilles Lellouche devant celui-ci, qui raconte comment un groupe d’homosexuels pas vraiment au sommet de sa forme va assumer ses différences et retrouver une raison de vivre en participant à une compétition de waterpolo. Celui par qui tout arrive est un nageur pro un peu beauf qui, après un dérapage verbal homophobe, est assigné par la fédération à une mission d’intérêt général : entraîner cette équipe de bras cassés. Moins sexy que Leila Bekhti, Mathias, joué par Nicolas Gob, utilise la même manière forte et fait preuve d’un identique accablement devant la nullité de ses poulains. Aucune chance de conduire un match jusqu’au bout et encore moins de remporter une quelconque médaille. Évidemment, ces prédictions vont être contredites par les aléas du récit et la folie émancipatrice d’un voyage en bus en Croatie. Les Crevettes pailletées est moins abouti que Le Grand Bain. C’est bancal, d’un niveau de jeu aléatoire et pas toujours bien rythmé. Mais le film, comme l’équipe, réussit à surmonter tous ses handicaps par son incroyable énergie et sa vibration feel good qui ne cherche jamais à évacuer les problèmes d’une communauté encore rejetée et regardée avec mépris. Le puissant effet d’émotion qui se dégage du final confirme que, parfois, il faut juste se laisser porter par la vague et qu’il ne sert à rien de trop décortiquer...

Les crevettes pailletées, en salles le 8 mai 2019