Une épopée mi SF mi survival intrigante. What else ?
Il y a deux films dans Minuit dans l’univers. D’abord, un vrai survival qui raconte l’histoire d’un scientifique perdu seul avec une gamine dans le grand nord. La caméra scrute les cieux en quête d’une lueur de spiritualité ou d’espoir, court après la matérialité brute des éléments contraires, et le récit d’Augustine (George Clooney) se peuple progressivement de visions spectrales et de fantômes du passé. Clooney, fabuleux, s’ébroue hirsute, le visage maculé de neige, de sang et de plaies.
Il lutte, souffre, court, nage... Son arc (primal) est très spectaculaire – tendance The Revenant... Mais il n’a du sens que dans la dialectique qu’il cherche à trouver avec le parcours, à des années- lumière de là, d’un équipage ayant quitté la Terre pour trouver une planète refuge... Ici, le temps est une stase déployée soit dans un terrible ennui existentiel, soit dans une déflagration d’accidents mortels : l’absence d’alternance jour-nuit fait place à une sortie dans l’espace où les débris d'astéroïdes pulvérisent le vaisseau et les corps des astronautes...
C’est la solitude et l’épreuve du temps qui sont l’objet des deux films. Honnêtement, la partie survival dans le Nord est plus forte, quand la section spatiale est plus vaporeuse, et convainc moins. Du coup, Minuit dans l’univers paraît toujours un peu bancal, déséquilibré. Mais il n’empêche : aussi influencé par Gravity (le big bang sensoriel et le minimalisme spectaculaire) que par Interstellar (la dépression cosmique et les dérives existentielles maousses), toujours porté par sa fibre activiste (on peut le lire comme une alerte écolo), Clooney signe un film pas anodin qui s’inscrit dans le renouveau SF hollywodien et parvient à nourrir l’imaginaire hollywoodien en s’appuyant sur l’effritement du monde actuel.
Minuit dans l'univers, disponible sur Netflix.
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