Spider-Man : New Generation héritage
Sony Pictures/Netflix/Dreamworks

Sorti fin 2018, Spider-Man : New Generation n’est pas seulement devenu une référence majeure pour tous les studios d’animation, il fait désormais office de totem pop culturel, essaimant autant dans les séries que le jeu vidéo ou le cinéma live. Alors que 
sa suite, Across The Spider-Verse, débarque dans les salles, tour d’horizon de cette vaste zone d’influence.

Spider-Man : No Way Home

Longtemps, les huiles hollywoodiennes ont hésité à appliquer au cinéma le concept de multivers : trop nerd. Et puis New Generation est allé au charbon pour faire valser ces idées préconçues, en confrontant Spider-Man à ses propres doubles. Ni une ni deux, Marvel Studios et Sony lui emboîtaient le pas avec No Way Home, qui reposait sur la seule promesse d’un film réunissant les trois Spider-Man (Maguire/Garfield/Holland). Une machine à nostalgie et à cash (près de deux milliards au box-office), ouvrant elle- même la porte à toutes les fenêtres : Marvel a depuis fait du multivers son unique argument marketing, alors que Warner fonce dedans tête baissée avec The Flash, qui remettra les compteurs de DC à zéro. Merci, Spidey !

 

Spider-Man : No Way Home
Sony Pictures

Le Chat Potté 2 : La dernière quête

Tous les gens qui travaillent dans l’animation vous le diront : il y a eu un avant et un après New Generation. La narration foisonnante du film et son esthétique hybride (pas vraiment 2D, pas vraiment 3D, entre un comic book animé et des dessins préparatoires) ont été vues comme des bouleversements majeurs par l’industrie. « Il y avait besoin d’une esthétique nouvelle. Dans l’animation 3D, tout se ressemblait », analyse Pierre Coffin, réalisateur de Moi, moche et méchant, bluffé par le film. "Désormais, certains s’en emparent, comme Les Mitchell contre les machines [des mêmes producteurs], Les Bad Guys ou Le Chat Potté 2." Ce dernier lorgne vers l’impressionnisme mais reprend à sa sauce le mélange 2D-3D de New Generation. Le producteur Mark Swift note d’ailleurs  le changement de paradigme imposé par le film Sony : "Il y a dix ans, je pense que le studio n’aurait pas validé nos choix. Le succès de New Generation a fait évoluer les esprits sur ce qu’on a le droit de proposer en termes d’animation."

GALERIE
© Filmdepot

Entergalactic

Passé l’étonnement général au moment de la diffusion de sa bande-annonce, la film d’animation Netflix pilotée par le rappeur Kid Cudi (qui devait au départ être une série) est sorti aussi sec des écrans radars. Dommage, car c’était pas mal du tout, mais il est vrai qu’il fallait être malvoyant pour ne pas faire la comparaison avec New Generation. Le réalisateur Fletcher Moules avait beau s’en défendre, cette "love story analogique dans un monde numérique" ressemblait à un pompage en bonne et due forme mené, néanmoins, sur un tempo de fumeur de joints et habité par des thèmes très adultes.

Entergalactic : Netflix dévoile la bande-annonce de la série animée de Kid Cudi
Netflix

Marvel’s Spider-Man : Miles Morales

En 2018 sortait Marvel’s Spider-Man, sympathique jeu vidéo où l’on dirigeait le Tisseur dans les rues de New York. Deux ans plus tard, son studio, Insomniac Games, dévoilait une mini-suite où Peter Parker cédait sa place à Miles Morales. New Generation était évidemment passé par là et avait fait du personnage un (super)héros populaire. Si les développeurs refusaient de copier la patte visuelle du film (mis à part le costume, déblocable dans le jeu, avec son animation signature) ils lui piquaient volontiers sa rythmique délirante et quelques idées de mise en scène. Notre main à couper que d’ici peu, le studio reviendra avec une adaptation officielle.

Marvel’s Spider-Man : Miles Morales
Marvel

Spider-Man : Across the Spider-Verse

La suite, évidemment. Même idée mais poussée à l’extrême : 240 personnages, un multivers encore plus barré (cinq mondes différents visités par Miles) et un méchant (The Spot) bardé de taches d’encre « vivantes » qui sont autant de portails interdimensionnels... « Avec Across, on voulait toucher du doigt les limites de ce médium. Qu’est- ce qu’on pourrait faire avec l’animation dont on ne pourrait même pas rêver en live action ? C’est ça qui nous guide », nous promet le coréalisateur Justin K. Thompson. Le troisième volet, Beyond the Spider-Verse, est déjà calé à l’année prochaine. De quoi secouer le monde de l’animation sur le long terme ? Pierre Coffin : « Tout dépendra du box-office. Le premier n’a pas si mal marché, mais il n’a pas fait un milliard, malheureusement. C’est beaucoup plus simple de s’appuyer sur un énorme succès pour renverser la table. »

Spider-Man : Across the Spider-Verse, une suite à la hauteur [critique]