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On attendait Tel père, tel fils, le nouveau film d'Hirokazu Kore-Eda, réalisateur de Nobody knows, comme le petit miracle émotionnel du festival, la pépite sentimentale qui allait rallier tout le monde et mettre le président du jury Steven Spielberg dans sa poche avec son pitch de paternité contrariée (un homme apprend que son fils a été échangé à sa naissance, et donc qu'il n'est pas le sien). C’était couru d’avance. A l’arrivée, Tel père, tel fils déçoit un peu : le maître japonais livre un travail appliqué, avec des cadres bien léchés, des acteurs concernés (Masaharu Fukuyama, star de la j-pop, compose avec force un salaryman tourmenté sous son costume trois-pièces) et un scénario qui déroule méthodiquement sa mécanique de « grand film d’auteur incontestable».Oui, mais voilà. A l’inverse de Nobody knows et de Still walking, merveilles de minimalisme zen, Tel père, tel fils enfile les clichés sur la paternité et sur la lutte des classes, appuie et répète son propos avec un symbolisme trop évident et ne parvient qu’à la toute fin à nous cueillir sur le registre de l’émotion où il était attendu. Sur exactement le même sujet mais en mode fun et majeur, mieux vaut revoir La Vie est un long fleuve tranquille d'Etienne Chatiliez.Christophe Narbonne