Steven Spielberg 
Abaca

Le studio Amblin va fournir de nouveaux films au service de streaming.

Finalement, Spielberg s'y met. Son studio Amblin vient donc de passer un accord avec Netflix pour que certaines de ses productions soient directement distribuées sur la plateforme de streaming. Il est indiqué que cet accord ne remet pas en cause celui existant déjà entre Amblin et Universal, renouvelé en décembre dernier, permettant aux productions Amblin (comme Ready Player One, ou 1917) d'être distribuées en salles. A un moment où l'industrie hollywoodienne connaît un tournant, lorsque deux très, très gros studios mettent leurs blockbusters en disposition simultanée à la fois en streaming et en salles (Disney et Warner), le deal Amblin/Netflix est un signe fort du changement d'ambiance. "Chez Amblin, le storytelling sera à jamais au centre de tout ce que nous faisons. Dès le premier instant de nos discussions entre Ted [Sarandos, boss de Netflix, NDLR] et moi, il a été très clair que nous avions une fabuleuse occasion de raconter de nouvelles histoires, de toucher le public d'un nouvelle manière", déclare le réalisateur dans un communiqué cité par Variety. "Cela nous ouvre une voie royale pour nos films, aux côtés des histoires que nous continuerons à raconter avec notre fidèle famille de chez Universal, et cela sera incroyablement satisfaisant personnellement. J'ai hâte de travailler avec Ted, Scott [Stuber, directeur de la production des films originaux chez Netflix], et toute l'équipe de chez Netflix."

En mars 2018, Spielberg, tout en louant la qualité de la fiction contemporaine sur petit écran, faisait une différence radicale entre les films de cinéma et de SVOD : "cela s’oppose à l’expérience du spectateur de cinéma. Oui, ça m’inquiète, mais je continue à faire mes films pour le grand écran, même Pentagon Papers. Je demande au public de se déplacer pour le voir et non de le découvrir à la maison", disait-il au micro de ITV. "De plus en plus de metteurs en scène vont se tourner vers la SVOD pour financer leurs films, en ayant peut-être la promesse de gagner une semaine dans les salles obscures afin d’être éligibles aux Oscars, mais bon, une fois que vous acceptez de faire votre film pour la télé, ça devient un téléfilm. Si le résultat est bon, votre film méritera un Emmy, mais pas un Oscar. Je ne crois pas en cette règle qui dit qu’il suffit qu’un film obtienne quelques jours en salles pour être en nommé aux Oscars."  A l'époque, le débat concernait surtout la présence -justifiée, pas justifiée ?- des films Netflix aux Oscars. Trois ans et une pandémie plus tard, tout a changé, et le cinéaste d'Indiana Jones et de La Liste de Schindler, formé à la télévision (n'oublions pas qu'aux USA, Duel est un téléfilm), a mis de l'eau dans son vin.

Reste donc à savoir quel genre de contenu Amblin nourrira l'ogre-algorithme de Netflix ? Bon, et sinon, au cinéma, on verra le prochain film de Spielberg le 8 décembre prochain : sa version de West Side Story distribué par Disney sous le logo 20th Century Studios. Ensuite, le cinéaste tournera une fiction semi-autobiographique sur son enfance, pour l'instant sans titre (le film, pas l'enfance), avec Seth Rogen et Michelle Williams. Amblin co-produit également Jurassic World : Dominion (en salles en juin 2022 avec Universal), le cinquième Indiana Jones (juillet 2022 chez Disney)... Et Finch avec Tom Hanks, relecture de Pinocchio en SF post-apo, réalisé par Miguel Sapochnik (Repo Men, Game of Thrones) qui sortira fin 2021... sur Apple TV+. Parce qu'il n'y a pas que Netflix dans la vie.