Première
Si John Waters et Britney Spears avaient un enfant, elle s'appellerait Alexis Langlois. Et son manifeste, Les Reines du drame. Queer, esthète et potache, le jeune réalisatrice annonçait déjà la couleur dans Les Démons de Dorothy, un court métrage halluciné sur une apprentie cinéaste fan de bikeuses botoxées. Présenté pendant la Semaine de la critique, son premier long laisse présager ce que pourrait être le cinéma français de demain, scène prise d’assaut par une flopée de réalisateurs et de réalisateurs hors-normes et fiers. Hors-norme, mais pas snob, car la culture pop, Les Reines du drame en raffole, elle la digère et la ressuscite. Ainsi, tout commence à l’audition d’un concours de chant télévisé, ersatz de La Nouvelle Star, quand la douce Mimi Madamour croise la route de Billie Kohler. Cette dernière ne jure que par la muscu et le punk alors que Mimi est en passe de devenir la nouvelle Lorie. Étoiles filantes du star-system, elles vivront une incandescente histoire d’amour sur plusieurs décennies, narrée par le blogueur Steevyshady. La collision entre leurs deux mondes, efficacement mis en musique par Yelle et Rebeka Warrior, n’est qu’illusoire, Les Reines du drame étant, avant tout, un geste fédérateur entre le mainstream et l’underground, qui incite starlettes et révolutionnaires à s’unir contre la dictature du Bon Goût, le patriarcat, et ceux qui voudraient effacer les identités marginales. On en ressort en chantonnant, des strass plein les yeux.
Léon Cattan