Prix du Jury : Tournée de Mathieu Amalric
C'est quoi ? L'histoire d'un producteur de spectacle mi loser mi magnifique, qui part à la conquête de Paris avec une troupe de Strip teaseusePourquoi ? Difficile d'ouvrir la compétition. Pourtant, après 10 jours de pellicules avalées, le film d'Amalric continue de hanter l'esprit des festivaliers. Risqué, généreux, délirant et surtout poignant, Tournée est une déclaration d'amour à tous les artistes ! Une leçon qui pourrait séduire le jury
Prix du scénario : Poetry de Lee Chang Dong
C'est quoi ? Une vieille mémé de 66 ans va être bouleversée par la maladie et surtout l'irruption du cadavre d'une petite fille violée. Pourquoi ? Lee Chang Dong raconte l'histoire d'un regard qui change via l'apprentissage de la poésie. Une poétisation du monde opposée à la pourriture du monde incarné par son petit fils impliqué dans un viol collectif. Sensibilité, cruauté, noirceur... une splendeur de récit qui ressemble à un puzzle narratif.
Prix de la mise en scène : Oncle Boonmee
C'est quoi ? L'oncle Boonmee est mourrant à cause d'un rein malade. Alors que sa fin approche, ses amis, ses vies antérieures lui apparaissent comme ça, sans prévenir, en s'invitant à la table de famillePourquoi ? On hésitait avec The Housemaid, pur exercice de stylisation, mais le film d'Apichatpong Weerasethakul est un objet cinématographique renversant. Le cinéaste réussit à émouvoir par une frontalité pure, et par le naturel avec lequel les différentes strates de perception - réel, rêve, passé, légendes, visions - communiquent. Gorgé d'image mythologiques (les hommes singes, la princesse défigurée), Oncle Boonmee est sans conteste l'une des plus grosses claques visuelles du festival qui a du plaire au grand Tim
Prix de la meilleure actrice : Lesley Manville pour Another Year
C'est quoi ? Chronique douce amère d'une banlieue londonienne, le film est un portrait sensible et délicat de britanniques ordinaires. Pourquoi ? On connait le perfectionnisme de Mike Leigh. Le cinéaste fait énormément répéter ses comédiens avant de donner le premier coup de manivelle et le résultat est stupéfiant. Lesley Manville est bouleversante dans le rôle de Mary, quinqua célibataire, d?apparence frivole, profondément adorable, mais largement paumée.
Palme d'or : Des dieux et des hommes
C'est quoi : les derniers mois des moines du monastère de Tibehirine tué en 1996, en pleine guerre civile algériennePourquoi ? Par la seule force de sa mise en scène, Beauvois parvient à toucher du doigt l'état d'introspection dans laquelle sont plongés les huit moines trappistes. Ses fulgurances plastiques, notamment lors de plans d'extérieurs beaux comme ceux d'un grand western élégiaque, offrent au film l'élévation méditative qu'il recherche. On appelle ça la grâce
Prix du meilleur acteur : Javier Bardem pour Biutiful
C'est quoi ? Le retour de Inarritu en compet après Babel. L'histoire d'un homme hanté par la disparition de son père et la mort future de sa femme...Pourquoi : Biutiful est l'un des morceaux les plus impressionnants de la compet, mais un peu trop lourd, un peu trop démonstratif. la force du film repose en partie sur la perf de Bardem. Dans le rôle d'Uxbal, personnage complexe, à la fois salaud et victime, noir et lumineux, l'acteur est magnifique, loser magnifique perdu dans les caniveaux de sa mémoires et de son présent dévasté.
A la veille de la cérémonie de clôture, c'est l’heure du bilan du festival de Cannes 2010. Avec nos pronostics pour la Palme d'Or C’est la tradition cannoise. Alors que le festival de Cannes 2010 s'achève, c'est l'heure des pronostics et des raleries. On commencera donc par raler en constatant que cette année, le festival aura été relativement faible sur la compétition, les fêtes et même les stars (mais où était Sean Penn censé mettre un peu de star power dans tout ça ?). La 63e édition du Festival de Cannes aura du coup réservé peu de surprises et sur les 18 films en compèt, peu auront suscité l’enthousiasme ou la colère comme l’avaient fait l'année dernière Un prophète, Le Ruban Blanc ou Antichrist. Pourtant, Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois, Tournée, de Mathieu Amalric ou Biutiful de Inarritu ont su s'imposer face à l'atonie générale.Notre palmares critique du festival de Cannes 2010, c'est ici
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