Qu’y a-t-il à voir à l’expo François Truffaut de la Cinémathèque française ?
François Truffaut à la Cinémathèque : visite guidée
A l?occasion des 30 ans de la mort de <strong>François Truffaut</strong> (disparu le 21 octobre 1984), la Cinémathèque française consacre une exposition au cinéaste, critique et cinéphile, figure emblématique de la Nouvelle Vague et de la passion dévorante pour le cinéma. Un parcours composé de divers extraits filmiques mais surtout d?une grande quantité de documents originaux et de lettres manuscrites qui mettent en valeur l?obsession de tout conserver qui habitait le réalisateur des 400 Coups. Plus à lire qu?à voir.Voici les étapes fortes de l?exposition, photos à l?appui.
L'école buissonnière
Le parcours commence logiquement par une description de l?enfance tourmentée du futur cinéaste, qui sèche l?école pour aller au cinéma, se retrouve placé dans un centre pour mineurs délinquants et fonde à 16 ans (en 1948) un ciné-club avec son ami Robert Lachenay. <em>« Mes 200 premiers films, je les ai vus en état de clandestinité, à la faveur de l?école buissonnière, ou en entrant dans la salle sans payer »</em> dira-t-il plus tard. Egalement déserteur de l?armée, le jeune homme se retrouvera en prison militaire à 19 ans avant d?être tiré d?affaire par le critique André Bazin. En dévoilant des avis d?absence de l?école, des carnets où François Truffaut note les titres des films qu?il voit, des programmes de ciné-clubs où il programme du René Clair et du <strong>John Ford</strong>, ainsi que des documents rappelant les démêlés de l?intéressé avec la justice, la Cinémathèque fait revivre au plus près ces années de formation autodidacte.
Période critique
François Truffaut écrit son premier article dans <em>Les Cahiers du Cinéma</em> en mars 1953, collabore à <em>Elle</em> puis s?en prend violemment en 1954 dans un célèbre article intitulé <em>Une certaine tendance du cinéma français</em> à la « tradition de qualit? qui domine le cinéma de papa incarné par des réalisateurs comme <strong>Jean Delannoy</strong>, Yves Allégret ou <strong>Claude Autant-Lara</strong>. A l?inverse, Truffaut défend dans <em>Les Cahiers du Cinéma</em> et dans la revue <em>Arts</em> les ?uvres de <strong>Robert Bresson</strong>, <strong>Fritz Lang</strong>, <strong>Jean Renoir</strong> ou <strong>Alfred Hitchcock</strong> (avec qui il réalise un entretien dès 1955, à l?âge de 23 ans). Ces cinq années d?activité critique sont condensées dans une des pièces de l?exposition qui réunit des exemplaires de revues cinématographiques, la carte de presse du critique Truffaut (nommé à tort « François Truffeau ») au Festival de Cannes 1957 ainsi qu?un texte manuscrit de <strong>Jean-Luc Godard</strong> (confrère aux Cahiers du Cinéma puis illustre comparse du cinéaste au sein de la Nouvelle Vague) consacré au Lolita de <strong>Stanley Kubrick</strong>.
Le bureau de Truffaut
Fondée en 1957 avec l?aide de son beau-père, la société de production Les Films du Carrosse permet à François Truffaut de tourner immédiatement son premier court métrage, <em>Les Mistons</em>. Et le grand succès en 1959 des 400 Coups permet rapidement au cinéaste de jouir d?une totale indépendance artistique à la tête de sa société où il coproduit des longs métrages d?autres réalisateurs (comme <strong>Jean Cocteau</strong> ou <strong>Jacques Rivette</strong>) mais se consacre surtout à la préparation de ses propres films dans le plus grand secret. Le bureau de Truffaut aux Films du Carrosse, situé dans le 8ème arrondissement de Paris, est ainsi reproduit à l?identique dans les murs de l?exposition, non sans un certain goût du fétichisme. C?est là que le cinéaste passait le plus clair de son temps pour développer ses projets. On y trouve les Tours Eiffel miniatures que collectionnait Truffaut, de nombreux livres consacrés à des cinéastes de renom, une table basse, un poste de radio ainsi que l?Oscar du meilleur film étranger gagné en 1974 grâce à La Nuit américaine.
Education sentimentale et passions amoureuses
Les 21 longs métrages réalisés par François Truffaut sont répertoriés selon plusieurs axes : les cinq films de la saga Antoine Doinel (des <em>400 Coups</em> en 1959 à L?Amour en fuite en 1978) sont vus comme une éducation sentimentale, les films noirs (Tirez sur le pianiste ou La Mariée était en noir) témoignent de l?influence de la littérature policière sur le cinéaste et une salle entière est dédiée au thème des passions amoureuses où des oeuvres comme La Peau douce, <em>La Sirène du Mississipi</em>, L?Histoire d?Adèle H. et La Femme d?à côté sont décrites comme des odes à la souffrance causée par le sentiment amoureux. A l?aide de citations du cinéaste (<em>« Je veux que mes films donnent l?impression d?avoir été tournés avec 40° de fièvre »</em>), d?extraits filmiques mettant en avant les actrices (<strong>Jeanne Moreau</strong>, Françoise Dorléac, <strong>Isabelle Adjani</strong>, <strong>Marie-France Pisier</strong>, <strong>Fanny Ardant</strong> ou <strong>Nathalie Baye</strong>) et de documents exposés en vitrine (consignes écrites de François Truffaut à ses collaborateurs, extraits de scénarios annotés, couvertures des romans dont les longs métrages sont adaptés), le passage en revue est sobre et parfois austère, insistant peu sur la dimension esthétique et visuelle des films - même si l?on peut contempler la robe portée par <strong>Catherine Deneuve</strong> dans Le Dernier métro.
Les amis anglo-saxons
Une partie de la documentation collectée concerne évidemment les mythiques échanges entre <strong>Alfred Hitchcock</strong> et François Truffaut qui ont engendré en 1966 la parution du livre <em>Le Cinéma selon Hitchcock</em>. En plus de télégrammes signés du maître du suspens, on retrouve par exemple une vidéo montrant le discours prononcé en 1979 (et en anglais) par François Truffaut à la soirée où l?American Film Institute récompense <strong>Alfred Hitchcock</strong> pour l?ensemble de son oeuvre <em>« Un film est bon seulement s?il révèle entre les images la peur ressentie par le réalisateur. Ou son plaisir »</em> dit ainsi Truffaut. Un peu plus loin dans l?exposition, un coin de mur complet se penche sur Rencontres du Troisième type, le film de science-fiction de <strong>Steven Spielberg</strong> dans lequel François Truffaut incarne le scientifique Lacombe. Correspondance avec les producteurs, lettre envoyée en 1977 par le réalisateur américain, couverture colorée du magazine <em>Mad</em> de l?époque, témoignage vidéo de Spielby sur les qualités d?acteur de Truffaut qu?il a décelées en voyant L?Enfant sauvage, tout y est.
Truffaut au présent
Pour conclure l?exposition, 3 films courts spécialement réalisés par <strong>Axelle Ropert</strong> abordent la question de l?héritage laissé par François Truffaut au cinéma français. 14 jeunes acteurs et actrices tentent ainsi de répondre à la question suivante : « Comment être encore truffaldien ? ». <strong>Vincent Lacoste</strong>, <strong>Nicolas Maury</strong>, <strong>Vincent Macaigne</strong>, <strong>Agathe Bonitzer</strong>, <strong>Laetitia Dosch</strong> ou Adèle Haenel participent à ces films, des confessions statiques en noir et blanc, qui laissent une impression finale crépusculaire franchement plombante. Un cycle de projections <em>Après François Truffaut : décalques et influences</em> est d?ailleurs organisé au sein de la rétrospective intégrale que la Cinémathèque consacre jusqu?au 30 novembre au cinéaste.Exposition François Truffaut Du 8 octobre 2014 au 25 janvier 2015 La Cinémathèque française Musée du cinéma 51 rue de Bercy, 75012 Pariswww.cinematheque.fr
A l’occasion des 30 ans de la mort de François Truffaut (disparu le 21 octobre 1984), la Cinémathèque française consacre une exposition au cinéaste, critique et cinéphile, figure emblématique de la Nouvelle Vague et de la passion dévorante pour le cinéma. Un parcours composé de divers extraits filmiques mais surtout d’une grande quantité de documents originaux et de lettres manuscrites qui mettent en valeur l’obsession de tout conserver qui habitait le réalisateur des 400 Coups. Plus à lire qu’à voir. Voici les étapes fortes de l’exposition, photos à l’appui.
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