Nic Pizzolatto écarté, l'anthologie criminelle retrouve du souffle. Un souffle glacé, porté par les paysages sombres de l'Alaska, la véritable star de cette quatrième saison.
Qu'est-ce qui fait que True Detective est True Detective ? Quelle est la marque de fabrique de l'anthologie policière, qui raconte des enquêtes distinctes et sans lien les unes avec les autres ? Issa López (Tigers Are Not Afraid) a dû sérieusement se poser la question, quand HBO lui a confié les clés de la saison 4 - qui vient de débuter (en France sur Prime Video via le Pass Warner). Force est de constater qu'elle a su retrouver la touche "True Det", ce petit truc en plus qui fait passer le polar sombre dans une autre dimension. De quoi renouer avec l'expérience extraordinairement grisante de la saison 1. Si l'anthologie reste et demeurera hantée par le souvenir vibrant de Matthew McConaughey et Woody Harrelson, inégalables, Jodie Foster et Kali Reis sont certainement les True Detectives qui s'en rapprochent le plus !
Cinq ans après une sympathique saison 3, on replonge donc pour une nouvelle affaire sordide, la première que Nic Pizzolatto n'a pas écrite. Le créateur et scénariste de toute la saga a été écarté, après avoir échoué à renouveler sa performance initiale. Et c'est sur Issa López, cinéaste mexicaine méconnue, que HBO a misé pour ce chapitre du renouveau. Elle signe une enquête complètement givrée, au fin fond l'Alaska.
Dans la ville isolée d'Ennis, c'est l'heure du dernier coucher de soleil de l'année avant que l'obscurité ne s'installe pour des semaines. Mais la nuit va vite virer au rouge sang, après un massacre dans une station de recherche arctique. Un groupe de scientifiques disparaît et la chef de la police du coin se retrouve sur l'affaire, aidée par une collègue aux racines amérindiennes alaskiennes.
Du True Detective dans le texte ! On retrouve dans ce cadre lugubre, l'ambiance nébuleuse - teintée de mystères inexpliqués dopés aux croyances locales - qu'on était venu chercher. Le déménagement en Alaska est indéniablement la vraie bonne idée de la saison. Les paysages glacés et cette absence de lumière naturelle apportent un frisson permanent. Même si la série n'a pas été filmée sur place (mais en Islande), le décorum de Night Country fait toute la différence, tandis que le duo d’enquêtrices assure sa mission de routine.
Dans la plus pure tradition « True Det », Jodie Foster et Kali Reis se tirent joyeusement la bourre à mesure que l'horreur de l'affaire se dévoile. Évidemment, on est loin de l'atmosphère moite et crade du bayou. Mais cette saison 4 insiste sur ses atouts, sur le flippant, le ténébreux, l’horrifique parfois, sans sombrer dans le désespérant. Avec une efficacité redoutable, bonnets vissés sur les têtes et doudoune à fourrure de rigueur sur le dos, le polar glacial fait son œuvre. On ne retrouvera probablement jamais l'excitation de Rust et Marty, mais la marque True Detective a prouvé qu'elle pouvait encore nous faire frissonner.
True Detective, saison 4, en 6 épisodes, à voir sur Prlme Video en France avec le Pass Warner du 15 janvier au 26 févier 2024.
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