Désordres Florence Foresti
Comme une grande/Iconoclast

Florence Foresti investit le genre saturé de l’auto- fiction appliqué à la vie d’humoriste, mais dans un mélange très personnel de comédie et de drame.

Mettons d’emblée de côté le hasard du calendrier (ou la volonté éditoriale de Canal+) qui voit Désordres sortir quelques mois seulement après La Meilleure Version de moi-même. Si, a priori, tout les rapproche (la plongée dans le quotidien, largement romancé, d’une humoriste à succès), les deux séries ont en fait pour seul point commun l’auto-fiction. Contrairement à Blanche Gardin, qui en profitait pour tirer à la sulfateuse sur l’époque et ses contemporains, Florence Foresti cherche à revenir à la source du genre. Il s’agit donc de s’ausculter sous tous les angles (le physique, l’âge, les crises d’angoisse, la (sur)consommation d’alcool, les peines de cœur, la routine, la notoriété, l’ego, la panne d’inspiration, la garde alternée de sa fille...), sans s’épargner, mais en restant solidement en équilibre entre « l’humour Foresti » et le portrait d’une quasi-quinqua en proie à la dépression.

La grande force de Désordres est de naviguer constamment dans cet entre-deux (allez, osons une formule toute faite : « du rire aux larmes »), à la fois Sex and the City délocalisée à Paris et, toutes proportions gardées bien sûr, Fleabag à la française. Tout ça n’empêche pas les gimmicks usants (amusante la première fois, la fin d’épisode façon karaoké finit par lasser), quelques situations convenues et certaines longueurs. Mais Foresti, qui fait également ici ses débuts de réalisatrice avec pas mal de peps, parvient à emporter le morceau en mettant toute son énergie au service de son meilleur personnage de fiction : elle-même.

Désordres, à partir du 3 octobre sur Canal+. Huit épisodes en tout.