« Quand on peut se regarder souffrir et raconter ensuite ce qu’on a vu, c’est qu’on est né pour la littérature. ». Ces mots sont d’Edouard Bourdet, extraits de sa pièce de théâtre Vient de paraître datant de 1927. Edouard Bourdet, journaliste et homme de théâtre français, parle ainsi en connaissance de cause.La vie du dramaturge commence le 26 octobre 1887 dans la commune de Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines, à l’ouest de Paris. Il est le fruit du mariage entre Fernand Bourdet, ingénieur, et Marguerite Vallée.Il perd ses deux parents, à l’âge de dix-neuf ans pour son père, et de vingt-et-un ans pour sa mère. Un an après ce dernier coup du destin, Edouard Bourdet épouse la poétesse et romancière Catherine Pozzi, de quatre ans son aînée. Celle-ci, issue d’une famille aristocratique, lui donne un fils, Claude Bourdet, futur résistant plus connu par ses camarades des Compagnons de la Libération sous le nom de Lorrain. L’année qui suit son mariage, Bourdet écrit sa première pièce de théâtre, qu’il intitule Le Rubicon (1910) et qui est relativement bien accueillie par la critique.En 1914, les canons tonnent, secouant toute l’Europe. Edouard Bourdet est appelé, comme la majorité de ses concitoyens, à rejoindre le front. Lorsque les combats cessent, quatre années plus tard, Edouard Bourdet est embauché par le journal littéraire et politique L’Echo de Paris pour faire le reporter en Grande-Bretagne. Il peut alors se remettre sérieusement à l’écriture de drames, et signe plusieurs pièces de théâtre avec plus ou moins de succès parmi lesquelles L’Heure du Berger en 1922, L’Homme enchaîné en 1923, et surtout La Prisonnière qui est représentée en 1924 en France et dans plusieurs grandes villes du monde.En 1927, Edouard Bourdet s’attaque au monde de l’édition et des prix littéraires qui soufflent le chaud et le froid dans le milieu littéraire. Il dénonce, à travers Vient de paraître , les dérives des éditeurs qui suivent des considérations bien plus en relation avec les aspects financiers et commerciaux d’un livre, que celles purement artistiques. Si un grand nombre de spectateurs et de lecteurs expriment leur soutien à la pièce pamphlétaire de Bourdet, il n’en demeure pas moins que certaines voix s’élèvent contre cette satire qui sera mise en scène par Pierre Fresnay dans les années quarante. Certaines vérités ne sont pas toujours bonnes à dire, et Bourdet a pu vérifier l’adage à ses dépens.Edouard Bourdet, poussé par le succès et faisant fi des critiques, continue sur sa lancée et fait représenter, deux ans plus tard, Le Sexe faible . Choisissant un sujet hors du commun, il s’intéresse cette fois-ci à des hommes à la fierté douteuse qui vivent des deniers de leurs compagnes.En 1932, Edouard Bourdet présente La Fleur des pois , puis attend deux années pour lancer Les Temps difficiles . Par l’intermédiaire de cette dernière, Bourdet dresse, non sans quelques traits d’esprit, un portrait peu reluisant d’une classe bourgeoise hautaine, cynique et dominée par la matière : « L’argent, c’est comme les femmes : pour le garder, il faut s’en occuper un peu ou alors… il va faire le bonheur de quelqu’un d’autre. ». Une occasion de plus pour Bourdet de grossir les rangs de ses détracteurs - en même temps qu’il garnit ceux de ses admirateurs - issus pour la plupart de ces mêmes classes sociales dont il dépeint les travers. La même année, Edouard Bourdet se retrouve veuf, suite au décès de Catherine Pozzi.1936 est une année d’une extrême importante pour cet ami de Jean Giraudoux et de Paul Claudel. D’abord, par le succès retentissant de sa pièce Fric-Frac jouée par le trio Michel Simon, Victor Boucher et Arletty (dans le rôle de la prostituée), puis adaptée au cinéma trois ans plus tard (avec Fernandel en remplacement de Victor Boucher). Ensuite, par sa nomination à la tête de la Comédie-Française par le Ministre de la Culture Jean Zay. Edouard Bourdet, s’il s’attire les foudres de certains, ne manque pas de marquer la Comédie-Française de son empreinte novatrice. Il entame une sérieuse restructuration de l’institution, renforçant au passage les prérogatives du poste d’Administrateur Général qu’il n’occupe cependant que quatre années. C’est en effet en 1940 qu’il démissionne, lors de l’arrivée du Maréchal Pétain au pouvoir.Entre 1941 et 1942, Edouard Bourdet rédige deux autres comédies : Hyménée, moins défiante que ses précédentes, et Père, mise en scène encore une fois par Pierre Fresnay. Ces deux écrits seront les derniers du dramaturge, qui rend son dernier souffle à Paris le 17 janvier 1945.
Nom de naissance | Bourdet |
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Genre | Homme |
Avis |