D'origine arménienne (Sarkis Paradjanian), il est né et vit en Géorgie. Études au conservatoire de Tbilissi (1942-1945). Diplômé de la section de réalisation du VGIK de Moscou, en 1951, dans la classe d'Igor Savtchenko, il participe comme étudiant au tournage des deux derniers films de ce cinéaste, le Troisième Coup et Taras Chevtchenko (il aura la responsabilité de la finition du second après la mort prématurée de Savtchenko). Il sera ensuite assistant de Vladimir Braun pour Maximka au studio de Kiev, où il tournera la plupart de ses propres films.En 1954, il débute avec une adaptation d'un ouvrage du poète moldave Emelian Boukov, Andriech (Andrie, CO Yakov Bazelian), un essai « sur le travail et le courage des gens, sur la beauté de l'effort humain », où se manifeste une certaine influence de la poétique de Dovjenko. Suivent quelques courts métrages sur les arts populaires ukrainiens, puis trois longs métrages qui n'ont pas fait date et semblent n'avoir été que des besognes de commande : le Premier Gars (Pervij paren, 1958), sur la jeunesse campagnarde, Rhapsodie ukrainienne (Ukrajnskaja rapsodija, 1961), portrait d'une simple paysanne qui devient une cantatrice de réputation mondiale, et Une fleur sur la pierre (Cvetok na kamne, 1962), sur la vie quotidienne dans une petite ville minière.Puis c'est la révélation et le triomphe international des Chevaux de feu / les Ombres des ancêtres oubliés (Teni zabytyh predkov, 1965), adaptation d'un récit du grand écrivain ukrainien Mikhaïl Kotsioubinski dont Paradjanov écrit : « Je suis tombé amoureux de sa pure et cristalline sensation de la nature, de la beauté, de l'harmonie, de l'illimité. » Le document est transfiguré par une vibrante poésie due au superbe traitement de la couleur par l'excellent opérateur Youri Ilienko et au lyrisme tumultueux de la mise en scène ; c'est une sorte de « Roméo et Juliette » paysan situé au début du siècle dans une communauté montagnarde en proie à la superstition et à la violence.Paradjanov reçoit ensuite (1968) l'offre des studios arméniens de réaliser un film sur un thème local : ce sera Sayat Nova, du nom d'un grand poète arménien du XVIII siècle, dont le film exalte la vie et l'uvre dans des images d'une somptuosité plastique et d'un raffinement pictural extraordinaires : une suite de « tableaux » réalistes et allégoriques, évoquant à la fois la préciosité des icônes et l'onirisme surréaliste, y compose un poème visuel d'une spiritualité et d'une inventivité sans pareilles. Mais le film est très mal reçu par les autorités et, devant leurs réticences à le diffuser, le réalisateur demande à Youtkevitch de l'aider, selon ses propres termes, à lui donner « un aspect logique et rationnel » : c'est cette nouvelle version, raccourcie et remontée, qui sera finalement distribuée, très discrètement, sous le titre Couleur de la grenade (Cvet granata, 1971), mais non exportée.Commence une sombre période dans la vie de Paradjanov. Personnage excentrique et désinvolte, volontiers sarcastique, il a toujours été mal vu par les officiels. En 1968, il a signé une lettre de protestation d'intellectuels ukrainiens contre les procès politiques intentés aux « dissidents ». En 1971, son projet de film sur les Fresques de Kiev est définitivement refusé. En janvier 1974, il est arrêté, accusé, entre autres, de trafic d'objets d'art et d'homosexualité et condamné à cinq ans d'internement dans un camp de travail. Des comités de défense se constituent à l'étranger et projettent Sayat Nova grâce à des copies clandestines. Il est libéré en décembre 1977 mais ses projets de films, dont le Démon d'après Lermontov et des Contes d'Andersen, écrits avec Victor Chklovski, sont encore refusés tandis qu'il écarte les propositions qui lui sont faites par les studios de Tbilissi ; il ne tournera qu'un étonnant court métrage, le Signe du temps (1979), où il évoque ses retrouvailles familiales après sa libération. En 1980, il déclare : « Je ne suis pas un dissident. Tout simplement