Plébiscité par toute une génération d’adolescents à sa sortie, ce thriller révèle la jeune actrice. Retour sur les secrets de fabrication d’un personnage mythique… A (re)découvrir ce soir à 20h40 sur Arte.

Plébiscité par toute une génération d’adolescents à sa sortie, ce thriller révèle la jeune actrice. Retour sur les secrets de fabrication d’un personnage mythique… A (re)découvrir ce soir à 20h40 sur Arte. Nikita, rebelle mi-punk, mi bimbo, criminelle ultra violente récupérée in extremis par les services secrets, est paradoxalement née dans le calme olympien d’un vol Paris Los Angeles. Nous sommes en 1988, et Luc Besson voyage vers les Etats-Unis en écoutant la chanson Nikita, d’Elton John, sur son baladeur. A 10 000 mètres au-dessus de l’Atlantique, il décide de réaliser un polar radical et novateur, proche de la bande dessinée, qui raconterait comment une junkie des bas-fonds devient une impitoyable tueuse au service de l’Etat. Et ce rôle-là, Luc Besson va l’écrire seul, refusant les co-scénaristes, rien que pour Anne Parillaud, la femme adorée avec qui il a eu sa fille Juliette, née en 1987.Les critiques de cinéma avaient étrillé sa compagne en 1983 pour ses piètres prestations aux côtés de Delon dans Le Battant. Avec le personnage de Nikita, Besson compte bien la hisser sur l’autel des grandes actrices. Pour métamorphoser Anne, le réalisateur va la soumettre à un entraînement spartiate, qui débute un an et demi avant le tournage : cours intensifs d’arts martiaux et de musculation, suivis par un stage musclé au sein de la BRI, la brigade de police chargée d’interpeller les voyous les plus dangereux. Ces flics d’élite vont montrer à la comédienne comment "tirer à l’instinct" avec un revolver de gros calibre, qu’elle apprend aussi à démonter et remonter les yeux fermés. Le week-end, les policiers la testent sur leur parcours du combattant des carrières de Meudon, où, plongée dans l’obscurité, elle tire sur des cibles mouvantes et lance des grenades en plâtre. L’actrice suit aussi des cours de théâtre et d’expression corporelle.Dernière étape, psychologique cette fois : un mois avant le tournage, Besson "isole" l’actrice dans une immense usine désaffectée située dans une zone industrielle, à Pantin. Dormant sur un lit de camp et soumise à un régime alimentaire drastique (elle perd dix kilos), Anne Parillaud n’a pas le droit de lire, d’écouter de la musique, de regarder la télévision, de téléphoner ni même de se laver. Autre consigne : elle doit porter la perruque et la jupe noire de Nikita, pour s’imprégner définitivement de son personnage.Lorsque le tournage débute, à Paris, en 1990, Luc Besson ne relâche pas la pression : la jeune femme doit réaliser elle-même ses cascades. Elle obtempère, non sans risque : lors de la fameuse scène de fusillade dans les cuisines du restaurant Le Train Bleu, Gare de Lyon, elle a le dos brûlé par des explosifs… Mais elle refuse toute pause et continue à jouer, comme transcendée. Le soir, à la fermeture du plateau, Besson, qui ne veut pas déconcentrer sa compagne, exige qu’ils dorment à l’hôtel à tour de rôle. Leur vie de couple est mise entre parenthèse pendant six longs mois. Cet impressionnant travail va payer : Anne Parillaud reçoit en 1991 le César de la meilleure actrice pour Nikita, sous un tonnerre d’applaudissements…Jean-Baptiste Drouet du magazine Télé 7 jours.