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Le roman de Didier Decoin dont est tiré 38 témoins se déroulait à New York dans les années 60. Lucas Belvaux le transpose au Havre, de nos jours. Les questions de fond - Comment surpasser la couardise ordinaire ? Où trouver le courage de porter secours à quelqu'un ?- restent les mêmes, mais cette délocalisation change tout. Notamment dans la deuxième partie qui s’attache à montrer les rouages de l'appareil judiciaire. Lorsqu'il questionne la médiatisation d'un fait divers et fait écho à d'autres affaires récentes (comment ne pas penser à Outreau ?) mettant en cause l'éthique de la justice, le film passionne. Mais Belvaux a peut-être vu trop grand en voulant aussi traiter la crise d'un couple qui va se fracasser au contact de cette tragique histoire. L'inanité des dialogues entre Yvan Attal et Sophie Quinton finit par fragiliser la pertinence du propos, mais une exceptionnelle séquence de reconstitution du meurtre sauve la mise.
Toutes les critiques de 38 témoins
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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38 Témoins est un film très fort, qui éclaire la face sombre de l'humain, à ne pas rater !
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Belvaux distille une ambiance sublimement anxiogène et met en lumière, par de brillantes idées de scénario et de mise en scène, l'ambigüité du témoignage et le double langage de l'image. Détournant habilement la piste du thriller, simple prétexte ici, pour dresser le portrait tranchant et préoccupé des dérives de l'individualisme moderne.
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Lucas Belvaux avait marqué avec sa trilogie Un couple épatant, Cavale, Après la vie. A la suite de La Fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, et le Havre d'Aki Kaurismäki, 38 Témoins boucle dans les faits, un intense triptyque cinématographique d'hommage au Havre.
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38 Témoins est un film sur la lâcheté collective et le courage d'un seul homme (...) le 39ème témoins c'est évidemment le film. (...) Louons ici l'excellence d'Yvan Attal massif et pourtant friable. Sophie Quinton est formidable aussi quand son visage est un paysage qui hésite entre tempête et calme plat.
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Porté par la remarquable prestation d’Yvan Attal, le nouveau Lucas Belvaux s’impose comme une œuvre nuancée aux fortes implications morales. Glaçant.
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Ce témoin est magistralement incarné par Yavan Attal qui, avec presque rien et peu de mots, apporte à son personnage une dimension à la fois tragique et ordinaire. Lucas Belvaux signe un film noir, intense et très humain sur la lâcheté, la peur, le mensonge et la culpabilité dont on ne sort pas indemne.
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Apathie inexplicable ? Lâcheté banale ? Amoralité profonde ? C'est toute l'énigme de la nature humaine que Lucas Belvaux explore à sa façon en transposant de nos jours ce fait divers des années 60, et à deux pas de chez nous. Et si vous aviez été là ? semblent nous interroger le film, son rythme majestueux, le visage opaque d'Yvan Attal. Auriez-vous été meilleur, seriez-vous intervenu ?
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La teneur de 38 témoins n’est pas tant sociale ou politique que philosophique et morale. La grande originalité du film est de s’attacher aux témoins du fait divers plutôt qu’à la traque de son auteur. (...) Avec la France de Vichy comme boussole et repère historique, Belvaux semble dire “tous collabos !” Plus dénonciateur qu’observateur nuancé, ce point de vue excessivement sombre et sentencieux rigidifie un film par ailleurs joué et réalisé avec un indéniable talent.
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Lucas Belvaux choisit à sa manière tranchante d’autopsier un cas de conscience (...) : qu’aurions-nous fait à leur place ? Il ancre son histoire au Havre, entre containers et cargos, sans jamais filmer le meurtre, y glisse une atmosphère de thriller glaçant, sonde les raisons de chacun : journaliste bien décidée à faire éclater l’affaire, voisine solitaire, procureur soucieux d’étouffer le scandale. Le film souffre de son caractère théâtral (...) mais culmine avec la reconstitution du fait-divers, sorte de psychanalyse puissante, collective et éclair.
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Ce qui commençait par une simple enquête policière devient alors le procès de la lâcheté ordinaire (...) Même si ce procès semble parfois un peu vain, on se laisse happer par l'ambiance enveloppante installée par le réalisateur Lucas Belvaux dans les rues du Havre.
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Une certaine idée de l'art tient ici, qui vaut pour aujourd'hui aussi bien que pour hier, et qu'on pourrait définir comme un humanisme de combat. Elle fait réaliser à Lucas Belvaux son plus grand film.
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Belle ambition, qui jure pourtant avec l'acharnement revêche du traitement des témoins, en somme Yvan Attal contre les affreux. Trop impatient de déployer l'intransigeance du moraliste-réalisateur, allant de pair avec la froideur édifiante et réussie d'une mise en scène qui ferait passer le havre pour une ville américaine, allant de pair avec la froideur édifiante et réussie d'une mise en scène qui ferait passer le Havre pour une ville américaine, Belvaux est vite déjà ailleurs, toujours auprès de son verdict de sa morale intraitable.
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Le singulier Lucas Belvaux décortique le sentiment de culpabilité dans un thriller de l'intime. Bancal, mais à découvrir.
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Passionnant sur le fond, "38 témoins", par sa froideur revendiquée, déroute. De plus, en oubliant l'enquête au profit de la désintégration d'un couple, le film se dilue, fait du sur-place et lasse. Quel dommage !
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En transposant le roman de Didier Decoin de New York au Havre (...) Lucas Belvaux creuse la même atmosphère glauque, basée sur la peur de l'autre, la lâcheté humaine. (...) Voilà qui n'est pas très cinématographique et tient plus de l'exercice littéraire (...) Ici on tourne un peu en rond, sans être surpris ou concerné, sinon par le scène de reconstitution d'une belle intensité dramatique.
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Habilement rythmé, 38 Témoins désosse la frilosité des sociétés. Yvan Attal est à l'aise dans ce registre introverti et sombre.
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38 Témoins accumule d'interminables scènes dialoguées et ne parvient jamais à se départir de son statisme. Si l'on ne croit guère au couple formé par Yvan Attal et Sophie Quinton, on est aussi vite agacé par la représentation univoque de voisins murés dans leurs appartements, laissant le héros ombrageux dignement seul contre tous.Devant si peu d'engagement, la discrète stylisation du film, exploitant la cinégénie du Havre ou peaufinant le décor minimaliste de l'appartement, sonne presque hors sujet.
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Lucas Belvaux est un cinéaste ambitieux : on lui doit une trilogie originale (Un couple épatant, Cavale, Après la vie). Et un film superbe sur la classe ouvrière - La Raison du plus faible -, où il filmait les usines désaffectées avec la même chaleur qu'ici les chantiers navals. Il est engagé, généreux, et ce film le prouve encore. C'est juste le curseur qu'il a mal placé. La délicate balance entre le non-dit et le souligné qu'il n'a pas trouvée. Il fallait juste un rien de mesure. Un brin d'épure...