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On a rarement vu un couple encore amoureux exploser sous nos yeux de manière aussi crédible. C’est avec le même pouvoir de conviction que ce film assez étonnant évoque le désir de larguer les amarres et le mécanisme qui peut conduire à changer d’existence. Portrait d’une femme déboussolée dont l’instinct de survie relève presque du superpouvoir, À l’âge d’Ellen affiche en outre une vraie maîtrise (parfois complaisante). Il révèle aussi une Jeanne Balibar méconnaissable qui, en intériorisant la dérive de son personnage, échappe à son habituelle hyperventilation lyrique.
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Ici, tout en jouant de toutes les intonations de sa voix singulière, elle se tient le plus souvent en retrait par rapport à son personnage et aux autres acteurs, jouant comme à corps perdu de ses cheveux, de ses costumes, de sa nudité, de son menton qui tremble, avec une sobriété et une sauvagerie retenue de bout en bout magnifique.
Ellen va se laisser porter par le hasard, rencontrer d’abord des voyageurs qui, comme elle, essaient de se satisfaire de leur vie sans repères (nuits de partouzes glauques dans des hôtels impersonnels), sans qu’Ellen n’y trouve son compte. Et puis, par hasard, elle fait la connaissance d’un groupe de militants altermondialistes végétaliens qui vivent en communauté et militent activement, par des interventions musclées, contre l’industrie agroalimentaire et l’exploitation des animaux.
Là encore, Ellen va participer à leurs activités, mais sans jamais sembler y adhérer réellement, et un peu par amour pour l’un des militants, Karl (mais s’agit-il bien d’amour). Il y a en elle du Wanda de Barbara Loden.
Toujours au centre du film, le monde tourne autour d’Ellen, qui cherche en vain de nouveaux repères. Et si l’on songe aux personnages flottants et perdus d’Antonioni, on ne peut s’empêcher de penser aussi aux errances d’Ingrid Bergman dans l’Italie détruite de Rossellini : chez elle nulle part.
A la fin du film, Ellen se fond enfin dans un nouveau décor, cette fois-ci par choix. Un aveu : nous étions prêts à la suivre encore pendant des heures.
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Maintenant les clichés à distance, Pia Marais appréhende la crise existentielle d'Ellen dans toute son ambiguïté. Si l'exaltation de ses nouveaux compagnons provoque chez elle un réveil salutaire, le squat est d'abord une confrontation à l'altérité avec tout ce que cela comporte de dureté, de déceptions même. Cette absence de mièvrerie, ce regard acéré, à ce parfum d'étrangeté qui flotte, donnent au film une belle tenue, suave et inspirante.
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Imprévisible. C'est l'atout premier de ce film bizarre, en apesanteur, qui zigzague, bifurque sans prévenir, se perdant un peu parfois. Le voyage est géographique - de Francfort à l'Afrique du Sud - mais aussi intérieur. Jeanne Balibar, qui passe de l'allemand à l'anglais sans souci, est très bien, voletant comme un papillon ne sachant où se poser. Un personnage mélancolique ultra contemporain, en manque de repères dans un monde où tout se déplace très vite. Le film nous met dans un drôle d'état, entre malaise et légère ivresse. Une sorte de jet lag existentiel.
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par Nicolas Bauche
La réalisatrice Pia Marais a soigné un joli téléfilm, chiadé aux entournures, mais aussi d'un ennui aussi parfait que la patine post-moderne de ce film (...)
Le film séduit quand il est au diapason de on personnage (...)
Filmé avec une indéniable maîtrise, ce drame psychologique avance avec une monotonie assez irritante.