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Sorti du portrait revanchard, le film ne va nulle part. Normal, il repose sur du vide.
Toutes les critiques de American psycho
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Nouvel Obspar François Forestier
L'adaptation de Mary Harron est intéressante : elle privilégie l'humour noir, et gomme les pages sanglantes.
- Fluctuat
Une mare de sang étalée sur une surface blanche. Des yeux qui vous scrutent. Aucun désir, aucune vie, seulement un regard. La mort blanche a pour nom Patrick Bateman.
De taille moyenne, athlétique, élégant. Le terme de Golden boy est largement mérité. Il sévit sur la ville tel le Méphisto de Faust abattant ses sombres pensées. American Psycho est un film ambigu mais terriblement charismatique qui nous aide à mieux comprendre la paranoïa du cinéma actuel.Adapté d'un roman sulfureux de Bret Easton Ellis qui défraya la chronique littéraire, American Psycho fait mal car il reflète exactement le désir de concurrence qui sévit dans notre société. Tout comme chez Houellebecq, le sexe est la représentation du pouvoir. "Tout art est sexe", disait Henri Gaudier, ici ce sont la détermination et la réussite qui sont les deux pôles attracteurs du pouvoir et de la sexualité.S'il est à la portée de tous, American Psycho ne fait cependant pas de concession. Il échappe d'abord à cette catégorie de films au visuel dégradant et aux propos ambigus. L'auteur préfère suggérer plutôt que montrer, donnant un aperçu de ce qu'aurait pu devenir Bateman dans les mains d'un tâcheron. Une scène, une seule, résume ce que le cinéma doit être actuellement. Bateman sort d'une boîte de nuit. Il se retrouve dans une rue animée. Il aperçoit une belle et grande femme, distinguée, se baladant avec son chien. Nous connaissons la scène. Il la rejoint puis l'observe. Celle-ci en fait de même. Ce doux regard croise celui d'un ange, l'ange des maudits. Bateman sourit. La séquence est terminée. Le plan suivant nous montre Bateman dans son bureau, prenant un malin plaisir à jouer avec un collier. Celui de la jeune femme ! Ce plan ne dure pas plus de cinq secondes. Quelques instants pour que nous comprenions ce qui s'est réellement passé cette nuit-là. Cette progression dans l'horreur est mille fois plus convaincante que la scène finale du Sixième Sens ou bien du dernier Craven.En sortant de la projection, j'ai tout de suite fait le rapprochement - facile ? - avec le dernier Kubrick. Eyes Wide Shut est une oeuvre illusionniste sur l'amour et l'envie d'être aimé. Dans American Psycho, le protagoniste ne sait plus ressentir car il ne croit plus en l'amour. Pourquoi donc avoir mentionné Kubrick ? Tout simplement pour la matière narrative. La construction scénaristique est basée essentiellement sur l'improvisation. Nous ne savons jamais où Bateman nous conduit.
Car lui-même suit ce que le Destin veut qu'il suive. Bateman est un jouet, un pantin contrôlé par la faune citadine, par son entourage et par la médiocrité et la bassesse de la ville dans laquelle il se trouve. En terme plus explicite, s'il est devenu ainsi, c'est en partie à cause de ses collègues et concitoyens, de cette concurrence acharnée et vaine.Chaque plan est une partie de cache-cache avec Bateman. Durant le film et ce par l'intermédiaire de personnages tous plus ou moins étranges, nous avons l'impression d'être perpétuellement en porte-à-faux avec la réalité. En arriver à une telle dramaturgie dans la mise en scène est synonyme de perversion. Mary Harron réussit à créer une atmosphère particulièrement centrée sur l'imaginaire de son personnage principal. Ce qu'il croit être, nous le voyons sur l'écran. Moins torturé qu'Ozon et ses Amants criminels, beaucoup plus fin et plus intelligent que David Fincher et son Fight Club, American Psycho est une oeuvre dérangeante et, par conséquent, vitale !American Psycho
Réal : Mary Harron, d'après le roman de Bret Easton Ellis
Avec : Christian Bale, Willem Dafoe, Jared Leto, Reese Witherspoon, Chloë Sevigny
Musique : John Cale
USA/Canada - 2000 - 1h41