Toutes les critiques de Anaïs, 2 chapitres

Les critiques de Première

  1. Première

    « Je voulais pas m’installer à mon âge à la base… J’allais reprendre mes études et m’installer plus tard, parce que travailler 80 heures par semaine pour gagner 300 euros par mois, ça va cinq minutes.» Accroupie dans son champ, Anaïs, corps mince et tête blonde, soigne ses plantes avec soin sous l’œil bienveillant de Marion Gervais, la réalisatrice de ce documentaire. Avec un franc-parler et une insolence qui rappellent parfois la formidable Sandrine Bonnaire du Sans toit ni loi d’Agnès Varda, cette jeune femme très loquace étrille sans discontinuer le système dans lequel elle évolue depuis qu’elle a finalement bel et bien décidé de s’établir comme herboriste. Tout y passe : les difficultés à s’établir, la précarité inhérente au métier, les longues heures de travail, l’administratif qui ne facilite pas la tâche, le sexisme dans le milieu agricole… 

    Dix ans plus tard — ce long-métrage étant une compilation de deux films, réalisés à une décennie d’intervalle —, Anaïs est devenue une paysanne établie. Sa nouvelle préoccupation est de faire venir en France Seydou, son mari sénégalais, en dépit de lois sur l’immigration de plus en plus strictes, afin qu’ils puissent vivre ensemble à la ferme. Et peu importe que ces deux films n’aient pas été pensés en diptyque ! La gouaille d’Anaïs et sa ferveur à mener bataille contre des ennemis bien plus grands tissent spontanément un lien entre eux. Et une fois sortis de la salle, vous ne serez pas près de l’oublier !

    Emma Poesy