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Dans le film, le directeur de la photo, Bruno de Keyser, fait un excellent travail pour rendre les atmosphères du bayou tour à tour paisibles ou menaçantes. Mais cela ne suffit pas à traduire la subjectivité de Dave Robicheaux. Tavernier s’en sort honorablement en utilisant des artifices classiques comme la voix off ou les apparitions fantomatiques d’un officier confédéré (Levon Helm). La contribution des interprètes est également essentielle, Tommy Lee Jones en tête, dans un rôle sur mesure. Dommage qu’il arrive après une série de films similaires tels Trois Enterrements (dont Tavernier a repris une bonne partie
de l’équipe) ou No Country for Old Men. L’action se déroulant après le passage de Katrina, le film est habilement actualisé tout en restant fidèle à James Lee Burke. Mais il souffre d’une certaine confusion, probablement moins sensible pour quiconque a lu le livre avant.
Toutes les critiques de Dans la brume électrique
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Attention, ne pas croire que le film est sordide. Même lorsque les fantômes des confédérés s'invitent parmi les vivants, les civilités sont conservées. L'intranquillité y est harmonieuse. Baigné de blues et de musique cajun, le polar ondule, relie avec naturel passé et présent, réalité et surnaturel. A défaut de paix, on y trouve l'accalmie. Un moment de cessez-le-feu dans une guerre intérieure.
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Plus que l'aspect policier proprement dit, ce qui intéresse Tavernier, c'est l'atmosphère. Superbement filmés, les bayous servent de décors grandioses et tragiques à une enquête où rêve et réalité se mélangent comme l'eau des marais avec la brume. Un grand Tavernier.
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D'un classicisme élégant et électrisant, solidement arrimé à son scénario efficace, ce polar stmosphérique et existentiel s'appuie sur les épaules du grand Tommy Lee Jones dont le jeu à la sobre intensité est en symbiose avec la photographie superbe de Bruno de Keyser.
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Après cinq ans d’absence, Bertrand Tavernier revient au cinéma avec cette belle adaptation d’un roman de James Lee Burke, auteur d’ «Une saison pour la peur » et d’un long cycle « Dave Robicheaux ». Il est, parmi nos cinéastes, par ses livres et sa cinéphilie, un fin connaisseur de la culture américaine. C’est en amoureux de l’Amérique, du blues aussi, qu’il filme la Louisiane et ses fantômes, ceux de l’unique guerre civile qu’aient connu les Etats-Unis. Devant sa caméra, il lui fallait pour cette histoire dense deux « monstres » du cinéma américain; c’est chose faite avec Tommy Lee Jones, totalement impliqué dans ce rôle et qui apporte tout son talent et le poids de sa présence au personnage de Robicheaux, homme tourmenté par une mémoire, celle de la grande Histoire et du racisme, celle de l’alcool aussi. John Goodman, dans le rôle de « Baby Feet » Balboni, le maffieux lié à l’industrie des images et au détournement des aides après les ravages du terrible ouragan, est détestable à souhait. Plusieurs visages de la Louisiane de l’après Katrina, un sinistre passé qui rattrape le présent et le beau retour d’un grand cinéaste qui signe là une de ses œuvres les plus importantes.
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Dominée par la présence d'un Tommy Lee Jones impec en flic désabusé et entouré d'une galerie de trognes attachantes, cette immersion nonchalante dans la moiteur du bayou de Louisiane possède le charme entêtant d'une petite musique bluesy.
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Dans la brume électrique se différencie d'un polar ordinaire par l'intelligence de sa mise en scène, le refus des plans explicatifs ou trop attendus, l'équilibre entre les scènes relevant de l'enquête, interrogatoires ou pulsions de violence rageuse, et celles qui dépeignent la vie sociale et domestique.