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Pour son impressionnante première fiction, Julia Loktev crée une tension implacable en travaillant sur la durée et en se focalisant sur des actions purement fonctionnelles et apparemment anodines qui, dans un tel contexte, prennent une tout autre dimension. À travers le parcours de ce petit bout de femme aux airs enfantins (stupéfiante Luisa Williams) dont on ne sait rien, ni du passé ni des motivations, se fait jour une mécanique effrayante. Un fascinant rituel sacrificiel où le sujet est progressivement dépossédé de son identité pour ne devenir qu’un corps anonyme et destructeur. Avec sa sécheresse dramatique, sa caméra viscéralement collée à sa protagoniste et son travail conceptuel sur le son, Day Night Day Night inscrit sa réalisatrice dans la lignée d’un Lodge Kerrigan (Keane, 05).
Toutes les critiques de Day Night, Day Night
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Julia Loktev, la réalisatrice, filme sans jamais se départir de sa rigueur cette cérémonie funèbre. Attente. Silence. Effroi. Aucune explication, aucune émotion entre celle qui va tuer et ceux qui l’envoient à la mort. C’est cette froideur, ce gel de la raison et des sentiments qui donnent sa force au film.
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La richesse de ce film tient aux détails, à la merveilleuse transmission des sens mis en éveil. Peu de dialogues, mais une présence exceptionnelle de l'actrice Luisa Williams, aussi lumineuse qu'une Renée Falconetti dans "La passion de Jeanne d'Arc" de Carl Dreyer.
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Voici donc un film qui épargne au spectateur la lourdeur des causes et des effets, mais lui inflige à la place une description péniblement esthétisante d'un acte arbitrairement dépossédé de la raison et de la volonté qui le guident.