Détention Secrète

Le problème de ce film - qui entend dénoncer les agissements illégaux de services secrets US dans la lutte antiterroriste - est d'utiliser sans vergogne toutes les ficelles du cinéma de propagande sécuritaire, au point de ressembler à du Tony Scott ou à du Joel Schumacher bien-pensant.

Avec des intentions inattaquables (dénoncer les dérives post-11 Septembre de la plus grande démocratie du monde), le cinéaste aboutit à un film au scénario alambiqué, dont le va-et-vient entre deux histoires et deux pays tourne vite à vide. Seul le personnage de Meryl Streep sort du lot : l'actrice compose avec génie une spectaculaire patronne de la CIA. Même sa façon de décrocher son téléphone en murmurant son nom presque sans bouger les lèvres résonne d'une autorité glaciale.

Si l'on regrette le petit côté mélo typiquement hollywoodien, la charge reste sévère. Bonne pioche, donc.

Jouant habilement sur la déconstruction de sa narration, ce thriller politique dénonce la politique d'extradition sauvage - et illégale - du gouvernenement américain envers ses prisonniers supposés terroristes. Outre le débat éthique, un suspense finement mené, débouchant sur une chute inattendue.

Plutôt que de décrire un système et ses victimes, Détention secrète offre une galerie de méchants, parmi lesquels Meryl Streep en dirigeante de la CIA, et une paire de héros bien américains, l'épouse de Fields, qui part réclamer justice à Washington, et le jeune analyste de la CIA pris entre la morale et l'obéissance. La logique du star-system l'emporte jusqu'à générer une conclusion d'une déprimante banalité hollywoodienne.