-
La Barbara qui donne son titre à ce long métrage est une jeune Portugaise qui a décidé de larguer les amarres pour suivre en Irak son mari français et rallier Daech ensemble. Quand le film débute, trois années ont passé, son mari meurt sous les balles d’un peloton d’exécution et Barbara, mère de deux enfants et enceinte d’un troisième, attend son procès dans un camp de prisonniers djihadistes. Sérgio Tréfaut aborde ce sujet complexe en évoluant avec une grande fluidité sur un fil ténu entre la fiction et le documentaire. Il raconte le quotidien de cette jeune femme et les proches admis à lui rendre visite (la mère de son mari venue récupérer la dépouille de son fils, son père à elle…) avec une volonté de ne jamais enfoncer des portes ouvertes, de ne sembler jamais chercher réellement à percer le mystère de cette jeune femme dont on ne sait jamais si elle a été victime de cet embrigadement ou désireuse de s’engager. Et, petit à petit, les qualités du film deviennent aussi ses défauts. Car à force de traquer toute émotion pour la tuer dans l’oeuf, Tréfaut finit par dévitaliser son propos, créer une distance trop factice, comme s’il bottait en touche par peur de s’y confronter. Ne ratez pas, dans une semaine, sur le même sujet et cette même frontière ténue entre documentaire et fiction, Kaouther Ben Hania qui, en suivant logique inverse, réussit, elle, à faire mouche avec Les Filles d’Olfa, sans pour autant jamais verser dans le larmoyant tant redouté par Tréfaut.