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Dans En cloque, on retrouve tout ce qui fait la touche Apatow, soit ce qui est arrivé de mieux à la comédie américaine depuis les frères Farrelly: protagoniste masculin coincé au stade de l'enfance et confronté au cycle naturel de la vie, humour sans péridurale appelant une chatte une chatte, famille de fidèles comédiens pros de l'impro, seconds rôles hilarants, référence à la culture nerd... Le tout consolidé par une profonde tendresse et une fine observation des moeurs actuelles.
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Véritable miroir d'une génération depuis la fabuleuse et méconnue série Freaks and Geeks, Judd Apatow signe avec En cloque, mode d'emploi une nouvelle comédie où les kids de la pop culture deviennent enfin adultes sans renier leur passé. Une histoire de famille, de garçons et de filles, où l'amour ne cesse d'être notre salut.
Depuis le succès et les éloges reçus par 40 ans, toujours puceau, le nom de Judd Apatow est devenu le sésame d'une génération. Pile dans son époque, qu'il révèle plutôt qu'invente, le cinéaste aux casquettes multiples (scénariste, producteur, réalisateur) s'est accaparé la comédie romantique et familiale hollywoodienne. Il a repris les schémas et les patrons hérités de Hollywood tout en les déconstruisant et en y introduisant une dose de naturalisme, qui à défaut de produire des films hilarants, lui permet d'être en adéquation avec son public. Ses films parlent au présent à une Amérique nourrie à la pop culture, ils évoquent une conscience collective, une appartenance, où tous les geeks de l'après sixties se reconnaîtront. Cette génération télé et vidéo-club, ces post-kids autistes au physique anonyme qui depuis leur bulle sont de vraies encyclopédies et surtout des coeurs tendres, de grands sentimentaux, Apatow les observe avec bienveillance et générosité. Il en fait ses héros, creuse avec eux une proximité où la durée de chaque film prouve combien il s'agit de donner une existence crédible, palpable, de disséminer des éléments grâce auxquels chacun se situera. Le cinéma d'Apatow, c'est d'abord celui d'une conscience des expériences partagées traduite par un sentiment de fraternité sans frontières.Pourtant, a priori les films d'Apatow pourraient évoquer les codes classiques du teen movie. Dans la magnifique série de Paul Feig, Freaks and Geeks, à laquelle Apatow a beaucoup contribué, les schémas du genre sont respectés, en apparence. Ce qui change, c'est une sensibilité, une tendresse pour ceux qui échappent à la norme, loin de celle qui faisait les beaux jours de John Hughes. Chez Apatow, c'est du vécu pas de la sociologie. On garde la formule, mais on la modifie en créant une inflexion fondamentale par des détails, la durée des plans, l'espace, les acteurs, les dialogues, une manière de se situer (plus adulte, vivante, moins formatée). Une familiarité perceptible dès l'ouverture de En cloque, mode d'emploi, où Ben (Seth Rogen, protégé d'Apatow, vu dans Freaks and Geeks, sa série Les années campus et 40 ans) et ses amis font les idiots sur du Wu Tang clan. On cerne une génération, avec son langage, ses références, son mode de vie, et plus universellement se crée une connexion immédiate avec cet humour potache dont est largement émaillé le film. Celui d'une franche camaraderie entre garçons dont le cinéma d'Apatow filme toujours un regret serein. C'est aussi la force d'En cloque : raconter la vie d'un jeune glandeur irresponsable qui passe son temps à fumer de l'herbe et rêver d'un site pseudo porno avec ses potes, filmer son évolution après avoir mis enceinte accidentellement une jolie présentatrice télé, tout en faisant de l'humour potache un propre des personnages, pas du film.Tout se joue ici, dans ce lien que révèle Apatow : créer du quotidien, des situations communes, utiliser les dialogues pour citer une pluie de noms et se situer dans l'actualité. Les personnages vont voir Spider-Man 3 (qui sortait en même temps aux USA), ils évoquent des dizaines de films, l'Irak (pour déconner), Ben dit qu'il s'entendrait avec Vince Vaughn mais qu'il déteste Matthew Fox, et les problèmes rencontrés sont triviaux mais familiers. On est synchrone, Apatow brise les murs qui séparent Hollywood du public, il fait de la comédie en temps réel. Mais mieux : d'une part il réussit à ne pas diluer son sujet et réalise la première comédie sur la paternité qui ne soit pas à vomir, de l'autre il égratigne au passage la télévision et ses cadres, un système qu'Apatow connaît bien et dont il est sorti amer après l'arrêt prématuré des Années campus, flinguées par la Fox. D'où l'intérêt pour En cloque qui, lucide et critique sur son époque raconte aussi comment Ben et sa copine (Katherine Heigl de Greys Anatomy) vivent une histoire d'amour à l'envers, en partant de la grossesse pour aller vers la rencontre, le couple, avec en face d'eux en contre point un autre couple ayant suivi le schéma classique. Mais si chez Apatow on trouve toujours l'amour, l'épanouissement, il est aussi question d'un sacrifice, d'un pas à faire pour sortir de sa post adolescence. On va vers la norme sans renier son passé (une idée de l'âge adulte, discutable). Les jolies filles tombent amoureuse des nerds, mais ceux-ci choisissent d'abandonner quelque chose pour assumer leur responsabilité et se créer une autre famille que celle entre garçons. Au passage, Apatow réactualise la comédie de genre et revisite la guerre des sexes, mais toujours avec foi dans la réconciliation.La famille, c'est justement le coeur du système d'Apatow, jusque dans la fabrication du film. Dans En cloque, il fait jouer ses proches, ses amis, les pères spirituels reviennent (Harold Ramis dans le rôle du paternel de Ben), exerçant ainsi une main mise sur la production tout en se situant dans une lignée. Mais contrairement à ses amis du Frat Pack (il a contribué au Ben Stiller Show dans les années 1990) qui monopolisent les écrans en famille, chez Apatow aucun second degré, on est dans un cinéma littéral, une sorte de néo-réalisme de la comédie romantique et familiale qui reprend ce qu'on a vu ailleurs avec une tonalité différente. C'est son affirmation, d'être au coeur du système mais avec une honnêteté qui tout en restant collée au genre lui donne sa propre voix. D'où son succès auprès d'un public lassé par les conventions, le cynisme ou le formalisme d'un système. Apatow réalise ce que Kevin Smith était incapable de faire (trop enfermé dans sa logique), tout en reprenant à quentin Tarantino le goût pour la citation mais en moins abstrait et théorique car plus inscrit dans le quotidien. Avec En cloque (Knocked Up en VO, double jeux de mot), il affirme (sur un mode plus mineur que 40 ans), son affinité pour le trivial et l'anecdotique tout en le resituant dans un format classique qui lui donne ampleur et gravité. Il donne un film de plus à cette génération dont il est le miroir fidèle et amoureux. Rien que pour ça, il mérite d'être salué.En cloque, mode d'emploi
De Judd Apatow
Avec Seth Rogen, Katherine Heigl, Paul Rudd
Sortie en salles le 10 octobre 2007
Illus. © Paramount Pictures France
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- En cloque, consulter le guide Grossesse, mode d'emploi de DocTéléramapar Aurélien Ferenczi(...) le trash (fluides divers, préoccupations en dessous de la ceinture, nudités variées) est aujourd'hui, dans le cinéma américain, un gage de réalisme, une voie pour saisir la vérité des êtres et l'épaisseur des corps - loin des images numériques ou du Botox. (...) Le scénario, un poil étiré, a ses faiblesses, et Judd Apatow, l'auteur de 40 ans, toujours puceau n'est pas tout à fait Maurice Pialat. A leurs amours, tout de même.
Le Mondepar Jean-François RaugerLe film de Judd Apatow ne relève pas ainsi de la comédie burlesque fonctionnant sur l'outrance et l'obscénité. S'il contient de nombreux moments triviaux, ce ne sont que les produits d'une logique de description de son microcosme humain, représentatif, ressent-on, de la société américaine d'aujourd'hui, comme menacée par le triomphe du matriarcat et par l'inexorable déclin du mâle occidental.
Ellepar Helena VillovitchInterprétés par des comédiens issus de séries télé, les sympathiques colocataires de Ben forment un club enfumé de post-ados irrémédiablement attardés. Et c'est un comique, Seth Rogen, très bon enfant, qui anime cette joyeuse bande, où l'on apprécie aussi la prestation hilarante de la blonde Katherine Heigl, qu'on ne manqera pas de tenir à l'oeil.
D’un abord pourtant alléchant, En Cloque : Mode d’Emploi ne tient pas ses promesses. Annoncé comme une comédie défiant allègrement les tabous sur la grossesse, le film n’en brise aucun. Pire, il caresse la morale dans le sens du poil en s’affirmant anti-avortement et pro fidélité d’acier. Humour gros et gras au programme de ce qui pourrait être la suite logique d’American Wedding : beuh à gogo et situations scatos. Si Seth Rogen est présenté comme un scénariste prometteur, il n’en n’est pas pour autant un acteur hors pair et tient difficilement la route face à Katherine Heigl et ses mimiques irrésistibles. Espérons qu’on lui propose mieux à l’avenir.