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D’un côté Kenza Fortas, découverte (et Césarisée) dans Shéhérazade qui a prouvé depuis, avec Bac Nord, qu’elle n’était pas que l’actrice d’un seul rôle. De l’autre, Youssouf Abi- Ayad, révélé sur scène par Christophe Honoré dans Les Idoles et Le Ciel de Nantes qui fait ici ses grands débuts sur grand écran. Tous deux forment le duo central du nouveau Nadir Moknèche. Depuis son premier long, Le Harem de Madame Osmane en 2000, le réalisateur de Lola Pater n’a eu de cesse de tordre le coup aux clichés sur la représentation sur grand écran des personnages d’origine maghrébine des deux côtés de la Méditerranée. Et il poursuit cette quête avec L’air de la mer rend libre autour d’un mariage arrangé par leurs parents respectifs entre Saïd - jeune homme dissimulant son homosexualité à sa famille qui, bien que n’en n’étant pas dupe, refuse de l’admettre - et Haja, brisée après une histoire d’amour toxique avec un dealer. En s’appuyant sur ce jeune homme à la croisée des chemins retardant le moment où il devra choisir entre vivre sa sexualité et sa famille et cette héroïne tout sauf soumise, Moknèche signe un film aussi engagé qu’engageant sur l’acceptation de soi, sur l’inéluctabilité d’une émancipation pourtant tout sauf évidente chez l’un comme chez l’autre. Et sa subtilité doit aussi beaucoup à l’interprétation tout en nuances de son duo de jeunes comédiens, particulièrement à l’aise dans l’expression des contradictions de leurs personnages, jamais enfermés dans des archétypes car sans cesse en mouvement, en dépit de ce que ça leur coûte.