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La Belle et la Bête commence comme tous les contes de fées - "il était une fois" -, mais il commence aussi comme presque tous les films de Christophe Gans : par des images d’un personnage en train de raconter sa propre histoire. Cette fois, c’est par oral (d’habitude, c’est par écrit). On a reconnu la bouche de Léa Seydoux, qui lit un livre illustré à des enfants - ce qui est une façon d’annoncer la fin, mais tout le monde sait comment finissent les contes de fées. La première fois que l’objectif se concentre sur une des illustrations, il s’en approche pour bien la cadrer, et l’image s’anime. Le film peut commencer, sur une scène de naufrage qui cause la ruine du riche marchand incarné par André Dussollier. Ce passage du dessin à l’image en mouvement ne sert pas seulement à immerger le spectateur dans le film. Il en affirme aussi le projet esthétique : c’est de l’illustration, ou son équivalent en langage cinématographique. Quoi de neuf alors, dans cette adaptation d’un des contes de fées les plus connus du répertoire ? Au moins deux choses : la technique utilisée, qui mélange harmonieusement les outils les plus traditionnels (studio, décors, costumes), et les dernières avancées de la technologie numérique. Rien qu’en termes visuels, le résultat atteint un niveau inédit dans le cinéma français. Pour un film réalisé à 70% en image de synthèse, la soudure entre le réel et le virtuel est invisible la plupart du temps, à quelques exceptions près. Le scénario, par ailleurs, qui apporte une sensibilité nouvelle et des développements jamais explorés à un récit pourtant fidèle à l’original. En substance, cette nouvelle version (il y en a eu 8) remonte aux sources d’une mythologie classique qui convoque les divinités de la forêt pour expliquer diverses métamorphoses affectant les hommes, mais aussi leur entourage, qu’il soit animal, végétal ou minéral. C’est dans ce contexte spectaculaire que se noue la véritable intrigue, une relation - conflictuelle au départ parce que contrainte - qui se transforme en sentiment amoureux. Cette évolution passe par différentes phases, de la résistance à l’abandon, illustrées comme autant de manifestations de la traditionnelle confrontation entre le masculin et le féminin. Il n’est pas innocent que Gans ait fait appel à une scénariste, Sandra Vo-Anh, pour fondre ces deux sensibilités en un mélange harmonieux. La mise en scène est au diapason, délibérément pensée pour s’accorder aux affects ressentis par les personnages. Rien que les décors en disent long sur Belle, installée au château de la Bête dans une chambre toute en courbes. Dans ses rêves, elle entre dans une dimension parallèle qui lui permet de voir le château tel qu’il était à l’époque où le Prince avait encore une forme humaine. L’accès à cette dimension se fait par une ouverture dont la forme suggère que Belle voit avec son sexe. Et ce point de vue résolument féminin sert à amplifier le choc qu’elle ressent à la découverte d’un autre monde, celui du prince, exagérément brutal et masculin. L’histoire montre que ce déséquilibre mènera le domaine à sa perte. On peut dire sans trop se tromper que Léa Seydoux trouve ici son rôle le plus lumineux, dans la mesure où son personnage rayonne sur tous ceux qui l’entourent, et en particulier sur les deux hommes de sa vie : son père joué par André Dussollier, avec lequel elle forme un duo très doux, et la bête, incarnée parCassel sous un maquillage numérique. Qu’on ne s’y trompe pas, sous son masque (qu’il porte au moins la moitié du temps), on ne le reconnaît pas plus que John Hurt dans Eraserhead, mais ça ne retire rien à sa performance qui passe par les gestes et les dialogues. Son apparence, jusqu’à sa dimension et son maintien qui lui donnent de la noblesse, le rapprochent plus du fauve que de l’humain, et c’est probablement un bon choix d’avoir évité de le faire ressembler à une créature de L’Ile du Dr Moreau. Pour étonnantes qu’elles soient, les images sont parfois familières. De Kaneto Shino (Onibaba) à Miyazaki (Princesse Mononoké) en passant par Kimiyoshi Yasuda (Dai Majin) pour ne citer que le cinéma japonais, on pourrait multiplier les références, mais il y a suffisamment d’invention pour saluer les vraies trouvailles, comme ce cheval magique qui donne accès au château et commande au maquis impénétrable de laisser un passage. La grande réussite du film consiste à faire passer l’émotion quand il le faut. La première fois que la bête laisse partir Belle est un grand moment réussi. Il y en a beaucoup d’autres, aussi forts. Et c’est le pari tenu de ce film de laisser parler la sensibilité sur un terrain si balisé.
Toutes les critiques de La Belle et la Bête
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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L’histoire est racontée par une maman à ses deux enfants et vise tous les publics. Plus féerique qu’effrayante, elle se place du point de vue féminin. Belle revêt quatre robes somptueuses qui sont autant d’étapes de son évolution vers l’amour pour cet homme emprisonné par un sortilège dans un corps velu. Briser les chaînes, aimer plus les fleurs que les bijoux, voir au-delà des apparences : un message d’autant plus actuel qu’il est magnifiquement porté par Léa Seydoux et Vincent Cassel.
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Le pacte de Gans, celui d’être face à un spectacle féérique hors norme, est amplement tenu. Voilà bien une œuvre unique dans le paysage cinématographique français, aussi imparfaite que terriblement généreuse et attachante.
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Gans use et abuse des effets spéciaux, de la couleur, du maquillage, des costumes, comme ce manteau de fourrure blanche sur le dos de la Bête déjà pleine de poils. Mais Gans, cinéphile et amateur de films de genre, fait avant tout du cinéma et, fort d'une grammaire technique parfaitement maîtrisée, évite l'ostentation et laisse transpirer sa passion pour le spectacle. Et là, c'en est du grand.
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Une adaptation tout à fait réussie du conte avec une approche nouvelle, des images somptueuses et des acteurs à la hauteur.
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La beauté des décors, des costumes et de la photo insuffle à sa re-création, visuellement très inspirée, toute la magie du conte. Dommage que la Bête, incarnée par Vincent Cassel, se limite au rôle de faire-valoir. Du coup, l’histoire d’amour perd de sa puissance poétique malgré une Belle (Léa Seydoux) incandescente à chaque apparition.
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Dans ce registre, Christophe Gans (« le Pacte des loups ») et son armée de techniciens ont fabriqué un spectacle et des paysages qui, (...) nous en mettent carrément plein les yeux. Locataires de cette magnificence, Léa Seydoux et Vincent Cassel relèvent le gant en belles bêtes de scène. On évitera toutefois d'emmener de très jeunes enfants.
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le réalisateur fait de la Belle son personnage principal et Léa Seydoux, qui l’incarne, donne une dimension féministe et parfois même guerrière au personnage. Le résultat est un film tiraillé entre deux mondes : celui de la féérie et du conte merveilleusement servi par la technologie numérique. Et celui de la modernité, avec des réflexions sur l’écologie, la lutte des classes et la crise économique. Au final, la beauté est au rendez-vous, mais l’émotion, elle, a disparu.
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Mais la version de Christophe Gans, épique et survoltée, est une "love story transgressive", où passe l'ombre de Miyazaki et celle de Mme Leprince de Beaumont, l'auteur du conte d'origine.
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Si vous venez chercher de l'imaginaire, de la magie, du kitsch, de la poésie, du fantastique, avec La belle et la bête 2014, le compte y est.
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Qu'importe ces faiblesses : la générosité dont fait preuve Gans emporte tout sur son passage et les ambitions romanesques de "La Belle et la Bête" anoblissent le cinéma français.
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Souvent touchante, cette histoire d’amour impossible est un peu gâchée par un final aux effets ratés, à l’image de ces improbables statues géantes poursuivant les chasseurs venus piller le château de la Bête. Cette réserve mise à part, le charme opère toujours.
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Très beau visuellement, "La Belle et la Bête", version 2014 est aussi un conte envoûtant doublé d'un divertissement haut de gamme à la hauteur de ses ambitions. Christophe Gans met en scène un couple parfait composé de Léa Seydoux et Vincent Cassel.
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Nul besoin de présenter l'histoire, on la connaît. Mais à travers son film, le cinéaste français propose une version plus féminine de l'oeuvre en plaçant Belle au coeur de l'histoire. Le duo Léa Seydoux/Vincent Cassel fonctionne à merveille et redonne du souffle au conte, déjà adapté au cinéma en 1946 par Jean Cocteau.
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Si le film ne se révèle aucunement pertinent quant à la nature symbolique du conte, il propose un spectacle efficace où le merveilleux côtoie la brutalité. Un mariage pour le moins excitant.
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Un poil décevant mais le jeune public sortira émerveillé par ces enluminures numériques plus proches de la féerie de Disney que de la poésie du chef-d’oeuvre de Cocteau.
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Tout en restant factuellement fidèle au conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, Gans le revisite à sa manière habituelle, bruyante, spectaculaire, tape-à-l’œil et sans finesse. La profusion des effets spéciaux séduira à coup sûr les 8-10 ans mais effraiera les plus jeunes.
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Christophe Gans s'offre un remake somptueux presque entièrement numérisé. Pas sûr qu'il ait réussi à restituer la magie du film de Cocteau en noir et blanc...
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Le récit est des plus neutres sur le fond, mais c'est du moins un spectacle visuel foisonnant.
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Hélas, on peine à rentrer dans l'histoire. Les acteurs sont bons mais pour ce qui est du magnétisme entre eux, c'est l'encéphalogramme plat. Par moments, ils minaudent presque et le romantisme, la passion sont les grands absents de ce film.
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Tout l’enjeu de la énième version de ce conte fantastique était de faire oublier ses concurrentes pour imposer son univers, sa magie, sa beauté. De ce point de vue, le film est réussi. Le spectacle
enchanteur nous en met plein la vue, et nous balade d’une chaumière champêtre aux fastes d’un manoir hanté de secrets. La Bête (Vincent Cassel) au visage de lion ne manque pas de style, la Belle est incarnée par Léa Seydoux à la blondeur envoûtante. Tout serait parfait s’il ne manquait à cette féerie numérique, une pointe d’émotion. La morale de l’histoire – savoir reconnaître derrière la laideur extérieure, la beauté intérieure – et la romance qui s’y attache ne nous en auraient que plus touché. Reste un film familial de qualité, le meilleur réalisé par Christophe Gans depuis Le Pacte des loups. -
A l’image, c’est vrai, "la Belle et la Bête" en jette parfois. Mais sa façon d’en mettre plein la vue contraste avec son impuissance à nourrir, aussi bien que nos yeux, notre crâne, notre cœur ou notre ventre.
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Le résultat est un luxueux lifting qui lisse et modélise le conte pour le mettre au goût du jour techno-écologique, quelque part entre Disney et Miyazaki.
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Christophe Gans a toujours œuvré dans le cinéma d’action et le fantastique ("Crying Freeman", "Le Pacte des loups", "Silent Hill"…). S’il n’a jamais atteint un véritable aboutissement, chacun de ses films fait preuve de très beaux moments. Avec "La Belle et la bête", énième adaptation du conte, il concrétise sa plus belle réussite, tout en prenant beaucoup de liberté par rapport à l’original.
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(...) ne soyons pas trop sévère. Passée [une] longue exposition, le film parvient à trouver son âme quand la Belle et la Bête se rencontrent enfin. Le talent de Christophe Gans pour peindre des tableaux fantasmagoriques est à son meilleur dans des flash-backs qui nous rappellent «Le Labyrinthe de Pan» de Guillermo Del Toro. Le charme d'un gothique à l'européenne finit même par opérer lors d’une impressionnante séquence finale. Dommage que la partie romantique soit aussi expédiée - Vincent Cassel assure toute en virilité poilue mais Léa Seydoux peine à nous faire ressentir son attirance pour le monstre. L’épilogue est aussi une fausse note (...) il faut prier pour que «La Belle et la bête» trouve quand même son public, malgré ses défauts, pour que les contes de fées ne soient pas uniquement confiées à Mickey et sa bande...
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À la croisée des chemins entre merveilleux, fantastique et aventure, ce film divertissant n'égale pas la hauteur de ses ambitions.
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Plus proche du Labyrinthe de Pan dans la forme que de la vision de Cocteau, La Belle et la Bête est une démonstration esthétique qui manque cruellement de discours.
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Un joli livre d'images aux sentiments brouillons (...) Dommage, Gans méritait mieux que ça.
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Christophe Gans filme sans jamais émouvoir.
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Le résultat est un poème filmé à l’intrigue parfois un peu trop basique et à la féerie quelque peu confuse, mais à la mise en scène épique et flamboyante.
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Nouvelle adaptation ciné du fameux conte, allégée en trouble érotique et alourdie en pompiérisme visuel.
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Gans livre un film d’aventures qui peine à restituer toute la poésie et la puissance de cette histoire malgré son approche animiste. Un film avec beaucoup de qualité mais aussi de défauts, donc. Christophe Gans a ainsi fait sienne cette histoire, pour le meilleur et pour le pire.
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Il y a de quoi se moquer mais on est plutôt triste, en vérité, de voir Gans revenir des limbes avec la promesse d’un Pacte des Loups aux pays des fées, et de découvrir dans nos assiettes un grumeleux Silent Hill pour fifilles.
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C'est un feu d'artifice, un maelström visuel dont l'élégance sophistiquée est indéniable. Mais en voulant à tout prix enchanter toute la famille, le film donne la désagréable sensation de ne s'adresser à personne en particulier, intimement.