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Il faut bien l’admettre, on nous a déjà fait le coup. Schizophrénie et amnésie semblent inspirer les scénaristes depuis belle lurette. On les comprend, l’accessoire est commode pour créer des situations abracadabrantesques comme dirait l’autre. En utilisant ces thèmes et en y ajoutant par moment un traitement graphique qui fait instantanément penser à Sin City, le père Schumacher jouait avec le feu. Même si Jim Carrey reste magistral dans ce registre très proche d’Eternal Sunshine, le tout manque curieusement de consistance. Quant au nombre 23, à la base de cette intrigue, on pouvait sans doute faire la même chose avec le 12, le 24, le 18, le 35 et en numéro complémentaire le 42.
Toutes les critiques de Le Nombre 23
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Ellepar Helena Villovitch
C'est toujours un bonheur de voir Jim Carrey, qui n'a désormais plus besoin de se déchaîner en acrobaties pour prouver son talent de grand acteur. Inquiétant, habité, le personnage qu'il incarne - un sympathique employé de fourrière - est projeté d'une vie de famille épanouie dans un cauchemar. Attention, thriller.
- Paris Matchpar Alain Spira
Tourné façon clip, dans une ambiance qui voudrait évoquer « Sin city », ce thriller laborieux souffre d’un scénario tiré par les cheveux, les cheveux qui frisent…le ridicule
- Fluctuat
Thriller poisseux dénué de toute finesse, 23 flirte avec le ridicule sans vraiment y sombrer. Evitant à grand-peine la sortie de route, cette «chute libre» dans les bas-fonds de la folie se digère surtout grâce au talent de Jim Carrey ...mais s'oublie aussi vite.
- Vos impressions : forum Le Nombre 23Après une première collaboration unanimement reconnue comme catastrophique (Batman Forever), Jim Carrey remet son talent dans les grosses pattes malhabiles du contestable Joel Schumacher. Si le premier alterne les genres avec brio (de Man on the Moon aux comédies des Farrelly), le second reste constant dans la médiocrité. Dès le générique, la pseudo-démonstration de l'implication du 23 dans diverses catastrophes (ex. : 11 septembre 2001 = 11+9+2+0+0+1=23), fait craindre le pire et rappelle surtout que l'auteur de 8 mm n'y va pas avec le dos de la truelle pour construire une histoire. Aussi, quand Walter tombe sous l'emprise d'un mystérieux roman accréditant la thèse du «nombre maudit», on réprime à grand-peine un sourire condescendant devant le peu de soin apporté par le réalisateur pour crédibiliser un récit oscillant entre paranormal et ridicule.Sans génie, il parvient, cependant, à éviter le faux pas rédhibitoire grâce à l'indéniable qualité de Jim Carrey dont le jeu, protéiforme et excessif, s'accorde parfaitement à sa mise en scène sans nuance. Rassurant ou inquiétant, l'acteur déjanté offre ici un résumé saisissant de sa carrière schizophrénique en jonglant avec les identités, soit remarquable, lorsqu'il se prend pour l'inspecteur Petitou du roman, soit très/trop normale, en père de famille doté d'un boulot de beauf. Jouant sur des teintes sombres et ocres, Schumacher parvient même à créer, avec une économie louable, un climat glauque et oppressant dans la sage normalité d'une banlieue insignifiante. En outre, si l'astuce de scénario qui donne sa cohérence à l'ensemble est tirée par les cheveux, elle n'est pas aussi stupide que prévue et permet de justifier certains excès. Un film «moins raté» que d'habitude, en somme, pour le plus décrié des réalisateurs hollywoodiens en exercice. Dommage, dès lors, qu'il ne puisse s'empêcher de surcharger le trait. Ainsi, pour nous faire partager l'improbable contamination dont est victime son tout aussi improbable héros, dissémine-t-il des chiffres, à droite et à gauche, censés nous inciter, nous aussi, à voir des 23 partout. Lourd et répétitif, le processus prend en otage mais échoue à nous faire adhérer à la vision du héros.Mais le plus gros raté, si l'on oublie le dénouement, complètement hors-sujet, concerne l'illustration du roman. Dans un style caricatural, les personnages y sont traités comme des dessins de comics. Réduits à des formes grand-guignolesques, dans des scènes qui déséquilibrent le récit sans l'enrichir, ils errent sans raison entre éclats de verre, pose (ridicule) au saxo ou meurtres gratuits. Filmées comme un clip, ces vignettes inutiles, ambiance cuir et sang mêlé, semblent avoir été réalisées sans objectif ni intention, hormis, peut-être, l'expression formelle d'un délire de réalisateur mégalomane. Ces défauts, assez gênants, plombent donc un ensemble dont on préférera retenir l'atmosphère, chargée d'une tension physique qui menace d'exploser à tout moment, et les effluves de la folie qui flottent dans le sillage d'un Carrey en grande forme. Un divertissement oubliable pour mangeur de pop-corn.Le Nombre 23
Réalisé par Joel Schumacher
Avec Jim Carrey, Virginia Madsen et Logan Lerman
Sortie en France : 28 février 2007[Illustrations : © Metropolitan FilmExport]
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