- Première
Après avoir tout essayé pour faire un enfant, Rémy et Sandra se tournent vers un nouveau docteur qui leur diagnostique le poétique « syndrome des amours passées ». Il leur faudra donc coucher avec tous leurs ex respectifs pour espérer devenir parents. Sur ce postulat absurde et déjanté, le jeune couple embrasse différentes remises en question contemporaines de l’amour : pourquoi ce désir d’enfant ? pourquoi le nombre d’ex de Sandra embarrasse Rémy ? Pourquoi est-elle gênée à son tour lorsqu’il se lance pleinement dans la mission ? Chacune des rencontres (trouple, libertins…) fait office d’un nouveau cas de figure amoureux, d’un équilibre inventif trouvé par d’autres romantiques.
Les murs de l’appartement montrent l’avancée du traitement thérapeutique suivi, et emportent totalement le récit dans une esthétique kitsch assumée, parfaitement adaptée pour le ton léger et loufoque du film. La représentation du sexe en dehors du couple se voit distanciée par des scènes fantasmagoriques qui convoquent danse et costumes animaliers, rappelant ainsi la différence de nature de l’acte en fonction du partenaire avec qui on le réalise. Malgré sa conclusion en légère perte d’intensité, le nouveau long métrage d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (Une vie démente) interroge pertinemment là où en sont les relations amoureuses hétéronormées. Il remet en question à peu près toutes les certitudes qu’avaient le couple au départ, et bouleverse par la tendresse avec laquelle il conduit ses personnages à concevoir l’amour différemment.
Nicolas Moreno