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Après sa sortie de prison en 1966 l’architecte en chef du IIIe Reich, Albert Speer rappelle à sa copine Leni Riefenstahl : « La mémoire est le seul paradis où l’on ne peut être chassé ! » Et de fait, il est bien commode de s’arranger avec sa conscience pour se dédouaner de ses fautes. Leni Riefenstahl, cinéaste visionnaire, a mis son art au service de la propagande nazie vantant la beauté des corps dans des films dont les titres suffisent à mesurer la portée suprématiste : Le triomphe de la volonté (1935), Les dieux du stade, la fête des peuples (1938) Ce documentaire à charge, porté par un travail d’archives impressionnant, nous montre comment la cinéaste a essayé tout au long de sa longue vie (101 ans) d’affirmer qu’elle ne voyait dans ses fonctions « que du travail et rien d’autre » Sur le plateau d’un talk-show dans les 70’s une femme de son âge affirme pourtant : « nous avions plus de trente ans quand Hitler est arrivé au pouvoir, nous savions parfaitement ce qui se passait… » Riefenstahl tout à son storytelling n’en démordra pas et s’irritera dès lors qu’on osera émettre un doute sur sa parole. Des archives la montrent pourtant main dans la main avec Hitler et Goebbels dont on apprend qu’il aurait tenté d’abuser d’elle. Et puis survient en bout de course ces images hallucinantes d’une Leni Riefenstahl au Soudan dirigeant sans ménagement des membres du peuple Noubas affirmant après coup : « Je me contentais de les observer de loin au téléobjectif ! » Leni Riefenstahl est restée maîtresse de son paradis jusqu’au bout.
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Leni Riefenstahl, La lumière et les ombres
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