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Les Simpson, le film, voilà un évènement que les fans attendaient fébrilement. Ils ne seront pas déçus par ce maxi-épisode, sans que l'aventure n'excite follement leur culte tranquille. Si la subversion s'est faite institution, le dessin-animé, sur fond de catastrophe écologique, est, comme à la télé, encore très drôle et toujours engagé.
- Exprimez-vous sur le forum Les Simpson, le filmIl aura fallu 18 saisons et 400 épisodes avant que la plus célèbre famille nucléaire de la télévision franchisse le pas. Créés par Matt Groening en 1989, Les Simpson ont connu leur apogée il y a une dizaine d'années, forts d'un succès mondial et d'un merchandising effréné. Après un relatif passage à vide, le dessin-animé a reconquis le coeur des critiques ces dernières saisons. Si très tôt l'idée de l'adapter au grand écran a germé, le travail colossal que nécessite la production d'une bonne vingtaine d'épisodes annuels n'a jamais permis au projet d'être lancé...Jusqu'à ce que Groening ne craque, et avec lui ses comparses de toujours : Al Jean, James L. Brooks, Mike Reiss et Mike Scully à l'écriture, David Silverman à la réalisation (après Monstres et Cie, essai transformé chez Pixar). Trois ans de travail, en parallèle du show télévisé, pour un résultat qui ressemble malheureusement trop à ce dernier.Le catastrophique Homer pollue accidentellement le lac de Springfield, conduisant une agence gouvernementale de protection de l'environnement à mettre la ville en quarantaine. La communauté veut la peau du coupable. Les Simpson doivent fuir, direction l'Alaska...Tel père, tel pitch, le film tourne principalement autour du personnage d'Homer, devenu la véritable star du show. Bart ne s'est certes pas assagi, et sa scène de nu a choqué les censeurs, mais ce ne sont plus les frasques du jeune garçon qui font recette. D'un père colérique, Homer s'est petit à petit transformé en chef de famille incroyablement stupide et, bien qu'attendrissant, complètement inconséquent. Une évolution inquiétante pour un show qui entend moquer la famille américaine moyenne !
Le portrait des Simpson et de Springfield, ville de fous, sert une satire acide de la société US. Le film ne manque ainsi pas d'aborder de nombreux sujets, tapant parfois là où ça fait mal : l'alcoolisme, l'évangélisme, le racisme ordinaire, l'homophobie, la misogynie, la chirurgie esthétique, les médias racoleurs, la malbouffe ( et ce merveilleux slogan : "Si vous trouvez un hamburger plus gras, c'est que vous êtes au Mexique"), les jeux-vidéos violents, la police défaillante, le sécuritarisme qui menace les libertés individuelles, le pouvoir qui monte à la tête, etc. Entouré de ses dangereux conseillers, le président Schwarzenegger, "élu pour agir et pas pour réfléchir", lâchera la catchphrase politique du film.Les Simpson ne sont pas les plus provocants (South Park a relevé le niveau d'un cran), ni les plus virulents (American Dad de Seth MacFarlane l'est ouvertement, un dessin-animé pourtant diffusé, comme les Simpson, sur la Fox de Rupert Murdoch). Mais la critique reste incisive, et le choix d'une toile de fond environnementale n'est pas anodin. Matt Groening a toujours été un peu écolo, il s'attaque ici aux compagnies pétrolières en Alaska, à la pollution et au comportement de l'administration américaine, à celui des citoyens qui refusent de prendre conscience de l'urgence. Al Gore, déjà apparu dans le dessin-animé, a même le droit à un clin d'oeil (Une vérité qui démange !). Refusant de donner la leçon, le créateur des Simpson fait quand-même passer le message.
Sera-t-il entendu ? Rien n'est moins sûr à la vue de toutes ces Springfield, les vraies, qui se sont battues pour être la plus ressemblante à la ville des Simpson et accueillir l'avant-première du film (restez pour le générique, l'hymne de Springfield rappellera peut-être un air connu). Que penser encore des magasins 7-Eleven qui distribuent des produits tout droit sortis du dessin-animé, comme les céréales KrustyO's, le Buzz Cola ou les Squishees glacées. Mais ne nous alarmons pas, ce n'est que de la promo.Sur un registre plus léger (les gags s'enchaînent, surtout dans la première moitié du film), Disney est un peu malmené, et Tom Hanks excelle dans une prestation toute en autodérision. Spider-Cochon fait son apparition, un nouveau héros qui marquera sans doute les esprits
Plus long et plus cher qu'un épisode des Simpson, le film bénéficie d'une animation pour partie en 3D, permettant une plus grande richesse de décors et des "mouvements de caméra" qui dynamisent l'action. Une novation formelle (aussi utilisée par Matt Groening pour Futurama, son autre bébé) qui ne change pas le caractère du trait et à laquelle on s'habitue vite.
Les voix françaises, comme à leur habitude, ne déméritent pas. Un paramètre important pour Groening, qui attribue l'évolution des personnages, depuis la création de la série, à la richesse des interprétations. L'oeuvre originale a droit à un doublage de qualité, contrairement à ses cousines South Park ou Family Guy.
Le créateur des Simpson dit voir le film comme un hommage aux auteurs et aux interprètes du dessin-animé. Il fallait peut-être plus que cela, et certains regretteront ce goût d'épisode super-sized. Les autres s'en satisferont sans bouder leur plaisir, la famille en jaune faisant toujours partie des créations les plus désopilantes de la télévision américaine. Les Simpson - le film
Un film de David Silverman
Avec les voix de Dan Castellaneta, Julie Kavner, Nancy Cartwright, Yeardley Smith, Hank Azaria et Harry Shearer
Avec les voix françaises de Philippe Peythieu, Véronique Augereau, Joëlle Guigui, Aurélia Bruno et Pierre Laurent
Sortie en salles le 25 juillet 2007
[Illustrations : © Twentieth Century Fox France]Bande-annonce
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