Toutes les critiques de Linda veut du poulet !

Les critiques de Première

  1. Première
    par François Léger

    « Linda veut du poulet ! » Très joli titre qui sonne comme une sommation. Et c’est un peu le cas : Paulette a injustement puni sa fille Linda, et pour accepter les excuses de sa mère, la gamine lui intime de cuisiner la recette de poulet aux poivrons de son défunt père. Mais une grève nationale met la France à l’arrêt, et les magasins sont désespérément fermés. La promesse de Paulette s'annonce plus compliquée que prévu à tenir, même avec l’aide de toute la cité… Bien loin de l’univers de son impressionnant conte La Jeune Fille sans mains (2016), Sébastien Laudenbach signe avec Chiara Malta (Simple Women) une histoire de deuil maquillée en comédie rocambolesque - le mot semble presque avoir été inventé pour le film. Un objet bigarré où chaque personnage est caractérisé par des traits noirs épais et une couleur bien spécifique : jaune, violet, vert… Simple sans être simplet, cet horizon visuel permet d’aborder des questions d’adultes en restant à hauteur d’enfants. On pense au Petit Nicolas (les bouquins de Sempé et Goscinny, comme le film d’animation sorti l’année dernière), auquel Linda veut du poulet ! emprunte un état esprit à la fois très moderne et très années 60. Bourrée de gags et d’exploits narratifs (le prologue sur la mort du père, chef-d’oeuvre lacrymal), la course-poursuite à la volaille devient pulsion de vie pour une veuve et une orpheline qui s’étaient mises en stase. Une forme de résistance euphorique et contagieuse contre la fatalité et l’ordre établi.