Michael Kohlhaas

Les premiers plans de Michael Kohlhaas laissent penser qu’en adaptant une nouvelle philosophique de Kleist, Arnaud des Pallières va signer son 13e Guerrier, un western ou un
chambara plein de bruit et de fureur. Des cavaliers sur la crête, une longue cavalcade filmée en contre-plongée : cadrée comme du John Ford ou du Akira Kurosawa, l’introduction du film fait planer un souffle épique qui va pourtant être vite démenti. Des Pallières change de registre au bout de quelques minutes et, dans un dénuement quasi bressonnien, organise une réflexion abstraite sur la justice et le politique. C’est précisément le problème de Michael Kohlhaas : la friction suicidaire entre, d’un côté, le grand film viscéral, la puissance brute de Mads Mikkelsen et, de l’autre, la distance janséniste, glaciale, de la parabole politique. Tout cela finit par se neutraliser et laisser le film – et le spectateur –
se perdre dans un no man’s land arty fascinant, mais un peu trop théorique.

Une adaptation historique minimale, grave et dépouillée (...) Une chevauchée fantastiquement épurée.

Un film qui ressemble à un long silence que seuls viennent briser le bruit des flèches des arbalètes, des lames qui s’enfoncent dans les chairs et la nuit, faisant corps avec l’austérité des paysages, magnifiquement filmés par Jeanne Lapoirie.

Tout ne fonctionne pas (...), mais tout fait sens jusqu’au bruit d’une mouche qui, volant dans une cour de ferme autour d’une reine, sacrifie aux codes du western. Mads Mikkelsen, marmoréen, porte magnifiquement ce film d’une ambition et d’une radicalité hors du commun.

Mads est en mode maso depuis La Chasse, ici dans un registre très austère. L’ensemble des dialogues tient sur 2 pages. Il faut donc aimer le silence contemplatif, l’esprit moyen-âgeux et le sens du sacrifice. Un manque de rythme compensé par le charisme tout en virilité de Mads Mikkelsen.

Puissante réflexion sur le pardon et la violence, le long-métrage d'Arnaud des Pallières, d'après Kleist, nous invite à admirer la beauté minérale des Cévennes, sur une bande-originales aux accents gaéliques. Le regard pur et dur du héros jette le trouble.

L'’intrigue peut sembler confuse, car elle avance par à-coups au gré des obsessions et des idées fixes du héros, en révolte perpétuelle contre l’'injustice et la loi du plus fort. Mais cet ambitieux film d’'époque sur un homme intègre dégage un charme et un envoûtement certains. Autres atouts : de magniques paysages vallonnés et l’'expressivité fantastique du beau visage de l'’acteur danois Mads Mikkelsen.

Deux heures durant, Arnaud des Pallières nous aura passionnés pour une question morale à laquelle le monde contemporain se trouve toujours confronté, avec des réponses pas toujours convaincantes ni définitives : où se situe la frontière entre la lutte armée politique et le meurtre ? Entre la résistance à l’oppression et le terrorisme ?

Il s’agit d’une œuvre expressionniste, presque abstraite à force de hiératisme, de composition à base d’effets naturalistes.(...) Des Pallières n’est jamais aussi fort que lorsqu’il montre la violence, concentrée et raréfiée.

Arnaud des Pallières a construit la mise en scène rigoureuse d'une révolte condamnée à l'échec par l’intransigeance. Avec, dans le rôle-titre, un parfait étranger au cinéma de des Pallières, l'acteur danois Mads Mikkelsen, qui emporte le film dans sa folie austère.

Arnaud Des Pallières, plus fan de Robert Bresson que de Mel Gibson, filme les massacres et les batailles sans héroïsme. De loin ou avec une sécheresse qui parfois impressionne, comme lorsque les hommes de Kohlhaas trucident à l’arbalète, sans gloire ni honneur, toute la maisonnée du seigneur corrompu. Mais c’est surtout le magnétique Mads Mikkelsen, œil d’aigle et visage taillé à la serpe, qui fascine le cinéaste autant que le spectateur : « Si Kohlhaas était un paysage, il serait des montagnes, explique Des Pallières. Austères. Magnifiques. Comme le visage de Mads Mikkelsen. » Et filmer les Cévennes et Mikkelsen, Des Pallières fait ça très bien.

Certes, les images sont superbes et Mads Mikkelsen déploie un charisme eastwoodien. Mais cela ne suffit pas pour nourrir le grand souffle épique que laissait supposer l’entreprise. Sans réclamer du Rambo, on aurait aimé se jeter avec plus d’énergie dans la bataille. Fallait-il, en plus, charger la bête de cette pesante musique?

Des Pallières, plus fan de Robert Bresson que de Mel Gibson, filme les massacres et les batailles sans héroïsme. De loin ou avec une sécheresse qui parfois impressionne, comme lorsque les hommes de Kohlhaas trucident à l’arbalète, sans gloire ni honneur, toute la maisonnée du seigneur corrompu. Mais c’est surtout le magnétique Mads Mikkelsen, œil d’aigle et visage taillé à la serpe, qui fascine le cinéaste autant que le spectateur.

Le spectre du Guerrier silencieux (2009), de Nicolas Winding Refn, plane sur ce film à l’atmosphère crépusculaire et au rythme lent, centré autour d’un personnage iconique qui arpente de vastes plaines ventées en quête de justice. À voir pour l’excellent Mads Mikkelsen.

Un film trop opaque rehaussé par Mads Mikkelsen.

Si certains de ses motifs s’avèrent pénétrants, le film échoue de façon assez révélatrice à nouer les interrogations politiques et morales à la souplesse d’un récit.

(...) film assez classique, et même un peu sage... Arnaud des Pallières s'inscrit dans la tradition du cinéma d'auteur qui aime le dépouillement. (...) Avec ses plans fixes, ses cadres taillés sèchement, le réalisateur dessine un univers tranchant.

Malgré la forte présence de l'acteur danois, magnifique dans le rôle-titre, le film d'Arnaud des Pallières reste trop abstrait et trop désincarné.

Comme on a renoncé à chercher la moindre tension dramatique, l'esprit vagabonde. On plonge dans une douce torpeur, on regarde sa montre : quoi, encore une heure ? Il n'y a plus qu'à compter les chevaux pour se rendormir.

Michael Kohlhaas offre à Arnaud des Pallières l’occasion de renouveler son cinéma. Las, le résultat peine à convaincre, faute à un rythme maladroit et à une absence totale de sensation.

Le corps et le visage du héros magnifique de Mads Mikkelsen seront notre planche de salut dans l’ensemble difficile de 2h00. Mais même la figure iconique de l’acteur danois s’effrite, malmenée par sa difficulté avec la langue française et donc la notre à le comprendre. Et en un éclair foudroyant, Denis Lavant traverse le film et devient la seule et unique chose à retenir de Michael Kohlhaas.

[Arnaud Des Pallières] livre un western féodal qui en impose dans les premiers plans (...) mais le reste n'est pas à la hauteur. Le récit s'étire, devient bavard (...) et le montage finit par jouer contre le scénario qui égare le spectateur.