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Reza et sa femme Fati divorcent. Ils ont cependant, selon la loi islamique, un délai de trois mois et dix jours pour se rétracter. Le temps pour Reza d’essayer de reconstruire sa vie alors que Fati n’est jamais très loin... Sur cet argument, un cinéaste iranien ordinaire (Farhadi, au hasard) aurait brodé un drame moral, mettant chacun face à ses responsabilités. Rien de tout ça dans Reza, focalisé sur le héros masculin (joué par le réalisateur) et ses doutes existentiels renforcés par sa rencontre fortuite avec une autre femme. À grands coups de plans-séquences larges et fixes (parfois exagérément étirés), Alireza Motamedi joue sur l’isolement de son personnage, seul au milieu des autres. Il recourt aussi symboliquement aux motifs du conte pour mettre en parallèle l’histoire de Reza et celle d’un vieil homme ramené à la vie par les douceurs du monde. Délicat, subtilement drôle (la rencontre dans un bar avec Violet), gentiment féroce, Reza ressemble à du Woody Allen en mode Bergman.