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Crystal Moselle a l’art de dénicher des bons sujets. En 2015, elle triomphait à Sundance avec Wolfpack. Portrait d’une fratrie vivant coupée du monde dans un appart new-yorkais et s’évadant par les films de cinéma qu’ils se passaient en boucle et rejouaient entre les quatre murs de leur « prison » familiale. Un documentaire, tellement dingue qu’on aurait pu croire à une fiction, né de sa rencontre fortuite dans la rue avec un des frères en question. C’est cette fois-ci dans un train que Crystal Moselle est tombée sur la bande au coeur de Skate Kitchen : de jeunes filles avec leurs planches dont les vifs échanges lui ont tout de suite donné envie de discuter avec elles, puis de les revoir, de les diriger dans un court, avant d’en faire les héroïnes de son premier long de fiction. La cinéaste nous entraîne dans le quotidien de ces skateuses qui se sont fait leur place sur les playgrounds malgré l’animosité des mecs teintée de mépris. Avec, comme fil rouge, le personnage de Camille, ado introvertie qui va réussir à intégrer cette bande, se libérer d’une mère maladroitement enveloppante, prendre conscience de sa féminité et se rapprocher dangereusement d’un garçon dont est éprise une des membres du crew. Skate Kitchen est un récit initiatique où on entend battre le coeur de la jeunesse. Crystal Moselle restitue l’énergie, l’enthousiasme comme la violence de ses héroïnes car toujours à bonne distance d’elles. Dans un rôle de passeuse qui n’en oublie pas pour autant de les mettre en scène avec une cinégénie ouatée.