Première
par Isabelle Danel
On ne dira jamais assez à quel point Charlotte Gainsbourg, déjà surdouée enfant, a fait son chemin d’actrice jusqu’au plus haut niveau. Ici, encore une fois dans une partition limite, elle est d’une vérité et d’un courage époustouflants. Les premières scènes, où elle avoue à son amour ses addictions passées, sont d’une beauté douloureuse et rare. Avec sa disparition, le film prend un autre chemin, emmenant Joseph près de Madras et le confrontant à des croyances qui ne sont pas les siennes. Pourtant, au contact de Gracie, il va peu à peu accepter sa propre culpabilité. Mais alors qu’elle cherche à dire la maladie des âmes, la possession sous toutes ses formes (drogue, passion, remords), cette deuxième partie s’enlise dans une sorte de folklore. La construction et le montage, révélant peu à peu la réalité de ce qui est arrivé à Catherine en France ou en Inde, nuisent quant à eux à l’empathie, et la mise en scène, plus théorique, ne retrouve que rarement les fulgurantes promesses originelles.