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À l’image de cette première scène, montrant l’héroïne prête à devenir une autre et à vivre toutes les expériences, le film démarre fort. Immersion dans un univers totalement minéral vu des tours de verre surplombant la ville, ce troisième long métrage de l’Allemand Christoph Hochhäusler (Le Bois lacté, 2003) s’impose comme une fable contemporaine sur
le pouvoir et le désir. Mais, peu à peu, il tourne en rond. Multipliant les signes d’une dégénérescence des relations humaines, la mise en scène devient de plus en plus abstraite. De plus en plus visible aussi. Insistance des prises de vues en plongée, apartés nébuleux (le patron va dans des squats pour regarder des camés s’injecter leur drogue)... Et le plan final de raccrocher le tout à la crise sociale. Un peu tard.
Toutes les critiques de Sous toi, la ville
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Qu'est-ce qui se cache derrière l'énigmatique titre Sous toi, la ville ? Une description froide, jusqu'à l'abstraction, du fonctionnement du capitalisme financier, une histoire d'amour, un suspense hitchcockien, un récit biblique transposé, une prophétie amère... Il faut plusieurs visions pour épuiser la richesse du film de Christoph Hochhäusler, qui fut présenté, en mai, dans la sélection Un certain regard au Festival de Cannes, et qui confirme avec éclat les promesses de ses oeuvres précédentes.
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La mise en scène joue à merveille de l'élégance glaciale des décors (transparence du verre, brillant de l'acier), de la connivence marchande des milieux de la finance et de l'art, de l'opacité technocratique du langage d'initié, de la manipulation du réel depuis les coulisses du marché. Elle en joue pour mieux faire imploser cette gangue qui asphyxie le monde, pour suggérer que l'irrationalité du comportement humain, l'embrasement de la passion, constituent un impondérable susceptible de déjouer les programmes qui nous aliènent. Dans ce romantisme secret du film couve la prochaine révolution.
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Sous toi, la ville est le troisième long-métrage de Christoph Hochhaüsler, par ailleurs critique de cinéma (co-créateur de la revue Revolver) et diplômé en architecture. On retrouve des traces de sa cinéphilie, en particulier à travers le traitement hitchcockien de cette love story. Appliquant la leçon du maître du suspense, Hochhaüsler filme l'amour comme un meurtre, et inversement. Le même travelling syncopé relie ainsi une scène de sexe, filmée en plongée, et le pot de départ du mari de Svenja, victime d'un meurtre symbolique de la part du banquier. Ce mélo nappé d'une BO asphyxiante est donc aussi et surtout un thriller, que le réalisateur-architecte implante dans un Francfort frigorifique, blanc, géométrique et transparent. Une cathédrale de verre aseptisée, où une toile onéreuse fait office de personnalité, où l'on dit « greed » pour « cheese » au photographe qui réclame un sourire, et où chacun peut espionner son prochain par vitres interposées. Si on frôle parfois la caricature, Hochlhaüsler a le mérite de savoir installer une atmosphère.
« Je n'ai pas peur de toi », déclare Svenja à son amant Roland, défiante. « - Tu devrais », lui répond-il, en carnassier lucide. Roland sait bien qu'en employant la violence et la manipulation pour obtenir Svenja, en jouant ainsi comme au casino, il risque de tout perdre. Distillé par petites couches énigmatiques, le passé du banquier révèle un personnage-fantôme à la Don Draper, le héros la série Mad Men. Tout l'enjeu de ce film glacial sur la passion amoureuse, traversé par des visions oniriques d'ascenseurs cristallins ou de ciels en clair obscurs, réside dans son retour, ou non, en ville, parmi les vivants. -
Glacial et brûlant, le troisième film de Christoph Hochhäusler, violente histoire d’amour et de pouvoir située dans le monde du grand capitalisme, impressionne par la netteté sans bavure de l’écriture cinématographique et du discours politique.
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Christoph Hochhäusler soigne ses plans comme des tableaux géométriques. Il a du talent, on le savait. Fondateur, en 1997, de Revolver, revue de cinéma qui fut tremplin pour l'école dite de Berlin, ce cinéaste, remarqué avec Le Bois lacté (2003), décrit, dans ce troisième long métrage, un monde glacé et féroce où chacun paraît exposé. Il filme Francfort exactement comme si c'était New York. Ville de hauteur et de verre. Ville globale, où l'art et l'argent sont partout. Le mystère entretenu est un peu forcé, parfois, mais la tension est bien palpable : c'est celle d'un monde démesurément riche, au bord du cataclysme.
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Dans une ville de buildings de verre aussi transparents que mystérieux, Christoph Hochhäusler (Le Bois lacté, 2003) a choisi le monde de la banque pour tricoter son intrigue, à la fois simple et tordue, confrontant le désir animal d’un puissant aux humeurs flottantes d’une femme libre mais trop curieuse. Il dépeint avec force ces relations humaines régies par des rangs et des hiérarchies qui élèvent autant qu’ils détruisent. Un peu lent mais fort de sa photographie léchée, le film se nourrit de la perversité potentielle des personnages.
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Sous la glace, le feu : pamphlet politique et histoire d’amour surprenante, dérangeante, ce film impose sa rigueur esthétique et son écriture sèche pour dénoncer la mondialisation et son corrélaire, la déshumanisation.
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Cette ardente histoire d'amour fissure l'armure glaciale d'un homme au faîte du monde des affaires. A sa hauteur, tout n'est qu'arrogance et incapacité d'aimer. Tableau acide d'une certaine classe dirigeante, ce film au ton particulier montre, avec élégance et cruauté, qu'un parachute doré n'empêche personne de se fracasser à la suite d'une chute... de reins.
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Christoph Hochhäusler (« le Bois lacté ») fait partie de cette génération de cinéastes allemands qui ont pris le contre-pied de leurs aînés (Wenders, Fassbinder) et pratiquent un cinéma froid. Sous cet apparent détachement, la critique de la société est acérée, voire vindicative. C’est beau et intrigant, c’est du cinéma postmoderne.