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Budapest à la veille de la Première Guerre mondiale. Irisz, une jeune chapelière, revient dans le grand magasin de chapeaux qui a appartenu à sa famille et y réclame sa place qu’elle estime légitime. Mais elle va se heurter aux secrets des nouveaux dirigeants. Quatre ans après avoir plongé sa caméra dans le cœur d’Auschwitz avec Le Fils de Saul, László Nemes semble radicalement changer d’espace-temps : une Budapest Belle Époque et estivale à la place des camps. Pourtant, le réalisateur nous enferme toujours dans le souvenir de la Shoah. Au début, la quête d’Irisz pour retrouver l’héritage familial évoque fortement les biens juifs spoliés pendant la guerre. Et le cinéaste fait d’évidents parallèles entre le sombre secret qu’elle finit par approcher et les chambres à gaz. Filmé comme par un myope -le visage d’Iris en gros plan ne quitte jamais le cadre, tandis que le décor est flou, immersion garantie-, Sunset nous perd, un peu paumé par la conscience de sa propre gravité et des forces obscures qu’il manie. Même s’il y a du romanesque et du feuilleton dans ce film, avec complots de famille, crimes de sang et nobles pervers, László Nemes semble préparer en sous-main son Requiem pour un massacre, et on passe le film à attendre de se prendre l’horreur en pleine poire. Mais finalement, le réalisateur préférera nous laisser au seuil de l’invisible. Frappés et déboussolés. Ce n’est pas abouti, mais c’est quand même fort.