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Asocial, gauche, inquiétant, égoïste, mais aussi brillant, drôle et finalement touchant, le jeune milliardaire apparaît comme quelqu'un de beaucoup plus complexe, et donc intéressant, que l'image qu'on en avait. Point de sociopathe sans scrupule, juste un ado mal à l'aise dans son environnement, qui a réussi à transformer ses inaptitudes sociales en formidable moteur créatif. Un garçon très seul, surtout, exclu des clubs de Harvard, rejeté par les filles, qui prend sa revanche, vit une succès story dingue, et finit par en payer le prix. Car arrivé au sommet, alors que Facebook a dépassé le million d'inscrits, Zuckerberg reste terriblement prisonnier de sa solitude. La dernière scène du film est à ce titre un petit bijou de justesse et d'ironie, en forme de clin d'œil aux utilisateurs de Facebook que nous sommes, permettant ainsi au spectateur une identification totale à ce type pourtant hors de portée.
Si l'histoire de Facebook est celle d'une génération, la trajectoire du personnage de Zuckerberg s'inscrit dans une tradition narrative assez classique et possède une dimension quasi-universelle. Et The Social Network, plus que l'histoire d'une invention, d'un réseau social, d'une réussite ou de batailles juridiques, s'affirme surtout comme un très beau portrait tragique. -
Si le scénario s'attache à plusieurs personnages, c'est pour mieux construire, en creux, le portrait de Zuckerberg. Une personnalité ambivalente qui suscite des sentiments contradictoires, même si la magie du cinéma opère et entraîne assez sûrement l'empathie - l'acteur Jesse Eisenberg, absolument excellent, y est aussi pour quelque chose.
Asocial, gauche, inquiétant, égoïste, mais aussi brillant, drôle et finalement touchant, le jeune milliardaire apparaît comme quelqu'un de beaucoup plus complexe, et donc intéressant, que l'image qu'on en avait. Point de sociopathe sans scrupule, juste un ado mal à l'aise dans son environnement, qui a réussi à transformer ses inaptitudes sociales en formidable moteur créatif. Un garçon très seul, surtout, exclu des clubs de Harvard, rejeté par les filles, qui prend sa revanche, vit une succès story dingue, et finit par en payer le prix. Car arrivé au sommet, alors que Facebook a dépassé le million d'inscrits, Zuckerberg reste terriblement prisonnier de sa solitude. La dernière scène du film est à ce titre un petit bijou de justesse et d'ironie, en forme de clin d'œil aux utilisateurs de Facebook que nous sommes, permettant ainsi au spectateur une identification totale à ce type pourtant hors de portée.
Si l'histoire de Facebook est celle d'une génération, la trajectoire du personnage de Zuckerberg s'inscrit dans une tradition narrative assez classique et possède une dimension quasi-universelle. Et The Social Network, plus que l'histoire d'une invention, d'un réseau social, d'une réussite ou de batailles juridiques, s'affirme surtout comme un très beau portrait tragique. -
Tant de films hollywoodiens chroniquent l’ascension de leurs personnages avant leur inévitable chute. The Social Network relate une ascension sans chute et donc sans retour ni rédemption possibles, une réussite si vertigineuse qu’elle oblige son auteur à larguer les amarres vers des sommets de solitude. Fincher a dit un jour que pour être cinéaste, il fallait « avoir le goût du conflit, une certaine dose de paranoïa et une envie démesurée d’être aimé ». Cela ferait presque ressembler The Social Network à un autoportrait d’une insondable tristesse. Cette dimension existentielle plane en permanence sur ce film stupéfiant, parabole qui aurait pour protagoniste une sorte de mutant technologique irrémédiablement déconnecté. Presque un personnage qui n’existe pas. Presque un personnage de science-fiction. Làhaut, tout là-haut. Seul à en crever.
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Avec The Social Network, David Fincher dévoile ce qui se cache derrière la création de Facebook. Le ping pong verbal qui sert de scène d’ouverture – totalement jubilatoire – affiche d'emblée la volonté du cinéaste : faire un portrait de l’adolescent plutôt que de son oeuvre. Parfait, car, si sur le papier l’idée de faire un film sur Facebook pouvait en laisser plus d’un dubitatif, Fincher esquisse sans fausse note la personnalité complexe de Zuckerberg. Le classicisme de la mise en scène, la maîtrise du sujet et la structure du scénario donnent un écho universel à cette histoire. Fincher prouve encore une fois qu’il est un génie du septième art et, épaulé par un casting sans fausse note – Jesse Eisenberg, Andrew Garfield et Justin Timberlake en tête –, nous offre ici un petit chef d’œuvre.
Toutes les critiques de The Social Network
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le talentueux David Fincher réussit un film absolument passionnant qui séduira bien au-delà des membres du club. Sûr qu'il se fera plein d'amis.
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The Social Network ne se veut pas tant un film sur Facebook que sur les paradoxes et contradictions de l’Amérique et du capitalisme contemporains. Dans cette loterie brutale, une bonne idée peut porter n’importe qui vers les sommets. Mais attention, le système veille et vous contraint à vous plier à ses règles. Cette folie à la fois attirante et répugnante se synthétise dans le physique d’angelot boudeur de Zuckerberg (Jesse Eisenberg). L’acteur, génial, incarne magnifiquement cette nouvelle race mutante : visage et tenue à manger des Pépito, mais génie spécialisé qui peut valoir des milliards. Le capitalisme vampirise ses enfants, ne leur laisse plus le temps de grandir.
En sortant de ce film riche de lectures multiples et au rythme d’enfer, on se pose une question : milliardaire, Zuckerberg a bien changé le monde en voulant juste pécho des meufs. Mais est-il heureux ? -
Mise en scène sobre et scénario prenant, The Social Network tire sa saveur de la complexité de ce personnage d'extraterrestre, boursoufflé de suffisance, visionnaire sans le savoir, génie égocentrique écrasant, dans sa course folle vers les étoiles, le seul véritable ami qui lui reste. En la matière, le jeune Andrew Garfield apporte la dimension humaine qui commence à faire défaut au créateur de Facebook. Au-delà de la simple bio de Zuckerberg, ou d'un produit surfant sur le phénomène Facebook, Fincher délivre un film solide sur les multiples facettes de l'Homme, et sur la solitude liée au génie.
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Maîtrisé de bout en bout, The Social Network est une œuvre portant indéniablement la marque de son auteur. David Fincher signe sans aucun doute l’un des plus beaux films de l’année.
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Tout est là : The Social network est un film qui va vite, trop vite, si vite que le drame sous-jacent n'en est qu'effleuré. La solitude de Zucky, les illusions perdues, le pouvoir qui change de mains mais pas de visage... Tout ce qui à la lecture apparaissait clairement, devient flou parce qu'on ne peut plus s'arrêter sur les mots. C'est le syndrome Fight club : un refus de faire sens pour mieux incarner son sujet. Héros comme spectateurs, personne dans The Social network ne prend vraiment conscience des choses, des chiffres, des enjeux, des gens, rien n'a d'importance puisque rien n'existe au-delà de la prochaine conversation, de la prochaine idée, de la ligne de code suivante (« En travaillant sur la vitesse, on travaille sur l'oubli », écrivait Paul Virillo). Le drame en a-t-il pour autant disparu ? Non, il est toujours là, comme un arrière-goût désagréable, dilué dans le flux crypté d'informations (Zodiac encore), ne surgissant qu'au détour de quelques séquences traumatiques avant d'être abandonné aussi sec : le présent n'attend pas, il est en actualisation perpétuelle. Jusqu'au finale qu'on évoquait plus haut. En mettant au dernier moment le film sur pause, Fincher et Sorkin sortent les bacs de fixateur et de révélateur : en fait, The Social network c'est mieux qu'un film sur Facebook, mieux qu'un biopic sur Zuckerberg, mieux qu'un manifeste netocrate. C'est le portrait fidèle, donc secrètement tragique, d'une époque qui croit avancer en appuyant sur F5.
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Ce n’est pas le réseau social ou les controverses qu’il suscite mais la personnalité complexe de son créateur qui intéresse David Fincher. Il filme un paradoxe vivant : un garçon dépourvu de sentiments et de morale crée un monde merveilleux où les amis se ramassent à la pelle... Bio : inconnue ; profil : goujat, conscient de sa (réelle) supériorité intellectuelle ; signe particulier : en tongs été comme hiver. Qui a envie d’être l’ami de Mark Zuckerberg, aussi pathétique que détestable, aussi peu intéressé par l’argent qu’avide d’intégrer d’inaccessibles clubs ? La mise en scène sans fioritures et la structure du récit (flashs back entrecoupés d’auditions judiciaires) n’empêchent pas cette histoire d’ordis, d’algorythmes et de décodages d’être passionnante, parce que pétrie de chair, de souffrances, de mystère. L’histoire d’un savant fou dont la créature s’échappe, inaccessible.
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On ne voit pas quel autre réalisateur que David Fincher pouvait rendre fascinantes les réunions entre une bande d'agités du clavier, pas vraiment séduisants, mais plutôt teigneux. Une Amérique en pleine mutation se dessine dans les affrontements fratricides opposant l'inventeur à ses anciens amis.
Le réalisateur de Fight Club décrit la puissance de la confrérie d'as de l'informatique inadaptés à la vraie vie et menaçants pour une aristocratie estudiantine issue des grandes familles. Sans 3D relief, ni effets spéciaux, Fincher dépeint un monde aussi dépaysant que celui d'Avatar. Le succès de The Social Network outre-Atlantique démontre qu'on peut attirer les foules sans artifice, en racontant une belle histoire d'amitié et de trahison. Que l'on soit ou non adepte de Facebook, The Social Network passionne. Cette fresque s'impose comme l'un de meilleurs films de l'année. -
Adapté du livre de Ben Mezrich « la Revanche d’un solitaire » (Éd. Max Milo), ce long-métrage captivant raconte comment Mark Zuckerberg a lancé Facebook, à Harvard, en 2003, et les procès en paternité qui ont suivi. Loin du biopic élégiaque, Fincher opère d’incessants allers-retours entre le campus et les bureaux des avocats, s’appuyant sur des dialogues brillants pour dessiner le portrait d’un informaticien brillant, odieux, frustré, seul à crever (Jesse Eisenberg, parfait). Un génie devenu le plus jeune milliardaire du monde sans jamais réussir à être un mec « cool ».
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Cela ressemble à un film de procès, mais ce n'en est pas un : plutôt un huis clos où se négocie dans la confidentialité, loin de la tradition démocratique et cathartique du genre, la maîtrise capitalistique d'un empire dématérialisé. Cela ressemble à un biopic (biographie filmée), mais c'est plus un puzzle destiné à n'être jamais assemblé. C'est surtout un récit des origines en forme de subtil jeu de massacre, servi par de jeunes acteurs remarquables.
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Dès la scène d’ouverture, véritable leçon de cinéma, le personnage est posé, dans toutes ses contradictions : à la fois Robin des bois en butte à l’establishment, traître sans scrupules (il n’hésitera pas à se débarrasser de son meilleur ami et cofondateur de Facebook, Eduardo Saverin, quand il n’aura plus besoin de lui), prophète consumé par une « vision » à laquelle il pliera le monde, Zuckerberg selon Fincher – et interprété par le formidable Jesse Eisenberg – est une sorte d’antihéros tragique. Transcendant un matériau a priori peu cinégénique (des gars derrière des ordinateurs), le cinéaste livre une sorte de néo- « Citizen Kane ». Un « Gatsby » version 2.0. J’aime.
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Si le film commence par prendre la tête avec ce geyser d'idées qui jaillit en permanence du cerveau à haut débit de Zuckerberg, l'étrangeté du personnage, les personnalités fortes qui gravitent autour, les rapports de force et l'énormité des sommes en jeu, tout cela finit par vous emporter, captivé dans le vortex de notre histoire la plus contemporaine.