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D’ordinaire, dans les films à sketches, on compte toujours un vilain petit canard paresseux et, si l’on est chanceux, une pépite qui, à elle seule, justifie l’œuvre collective. Tokyo ! est l’exception qui confirme la règle. En livrant une vision personnelle de la mégalopole, de l’intérieur, sous l’angle de l’inadaptation et de la disparition, Gondry, Carax et Bong réalisent un triptyque éclectique aux segments d’égal intérêt. En somme, trois histoires de fantômes nippons, et autant d’excellentes nouvelles : Gondry a renoué avec sa fibre mélancolico-existentielle ; Carax, toujours bien vivant, a de l’humour ; et Bong (Memories of Murder, The Host) est aussi à l’aise dans le film de genre que dans le registre sentimental.
Toutes les critiques de Tokyo !
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Ellepar Philippe Tretiack
Pour rendre compte de l'étrangeté de la capitale nipponne et du foisonnement des récits qui s'y tissent, sans doute fallait-il trois films pour le prix d'un. Au final, on saisit que ces trois opus sont unis par une même présence onirique, celle d'une magie suintant des recoins, des sous-sols. Tokyo! s'imprègne alors du mystère qui fit autrefois de Paris, sous la plume d'Eugène Sue, la capitale du XIXe siècle.
- Fluctuat
Film à sketches qui réunit trois stars de la réalisation, Tokyo ! tente de cerner l'âme de la capitale japonaise. Evitant les pièges du genre, le film trouve une harmonie salutaire et décalée. Les récents « films collectifs » nous ont laissé perplexes. Le fragmenté Paris, je t'aime ou le déséquilibré Eros manquaient en effet d'une cohérence interne et d'une direction claire. Pour dynamiter le procédé, les producteurs de Tokyo ! ont fait appel à trois réalisateurs débordants d'énergie : l'ex-clipeur Michel Gondry, le cinéaste « maudit » Leos Carax, qui n'avait plus tourné depuis Pola X, et le virtuose coréen Bong Joon-ho, auteur du survitaminé The Host. Et, ô miracle, une harmonie parvient à se dégager de ces trois segments : chacun traite du rapport intime qu'entretient l'individu avec le groupe et offre une vision personnelle de Tokyo, mâtinée de gravité.Procédons par ordre chronologique. Le Interior design de Michel Gondry introduit parfaitement au bourdonnement de la mégalopole, sur laquelle les projets d'un couple de jeunes adultes viennent se heurter avec élégance. Le cinéaste français trouve là une fluidité rare : rendant ses acteurs attachants, évitant fioritures et dialogues inutiles, il réussit une jolie fable métaphorique sur les angoisses de la solitude. Vient ensuite le Merde de Leos Carax ; avec son récit famélique et sa vulgarité assumée, le segment perturbe l'attention. Mettant en scène une créature borgne (Denis Lavant) qui appelle à la destruction d'une trop sage société nippone, Carax peine à mêler le sublime au grotesque. Mais, par sa rage auto-destructrice, Merde met en lumière la douceur des deux segments qui l'encadrent. Le troisième segment, Shaking Tokyo, se penche sur l'isolement volontaire d' un asocial tokyoïte. Derrière une esthétique millimétrée et jubilatoire se cache un vrai questionnement sur les structures sociales du Japon. La fantaisie et l'ensoleillement pointent heureusement leur nez, mais sans que Bong Joon-ho n'offre de réponses toutes faites à ses interrogations.Au final, Tokyo a dessiné un trajet global : après l'immobilisme déprimé du premier segment, le film de Carax propose une tentative - ratée - de mouvement, nécessaire à l'éclosion apaisée du troisième volet. De nombreuses images fortes au service d'une logique interne : pas mal pour un film à sketches. - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils court métrage, réalisateur, japon sur le blog cinéma- Bong Jon-ho sur Flu : lire les critiques de Memories of Murder (2004), The Host (2006)- Michel Gondry sur Flu : lire les critiques de Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), Block Party (2005) La Science des rêves (2006), Soyez sympas rembobinez (2008)
Le JDDpar Barbara ThéateTrois cinéastes d'horizon et de style différent donnent leur vision de Tokyo.