Toutes les critiques de Un pur moment de rock' n roll

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Il faut vraiment se creuser la tête pour trouver une qualité dans Un pur moment de Rock'n'Roll. Et puis, la lumière arrive et nous comprenons que nous avons affaire à un genre de film en hausse dans le cinéma français : le cinéma dit de "Bonne conscience". Désespérant à souhait mais terriblement dangereux car de plus en plus influant sur le cinéma français actuel.
    Le film se dévellope en deux parties : la première présente la vie d'un jeune toxicomane, la deuxième nous montre la lente rédemption du héros qui se retrouve dans un centre de réinsertion à apprendre les choses de la vie comme "la vie c'est dur" ou "la drogue c'est vraiment pas bien". Bref, on a là un film au scénario ténu mais lourd de leçons de morale.La bassesse des propos de Boursinhac tient dans sa conception du cinéma, un franc parler qui suscite de vives polémiques. Si nous sommes en droit de pointer du doigt ce genre de procédé, c'est parce qu'il y a urgence. En effet, j'ai la conviction qu'un groupe de cinéastes, dénués de la moindre humilité, tend irrévocablement à se multiplier. Je cite pour exemple Milles Bornes, Paddy, Un frère, Sélect Hôtel, A vendre, tous ces cas de conscience ont pour objectif de traiter d'un sujet social et de le mener à terme. Ce qui veut dire : résolution du problème sans réelle approche de la difficulté.Pour éclaircir mes propos, je prendrais une argumentation de Guy Bellinger que j'adapterais pour la situation : Un pur moment de Rock'n'Roll est un film courageux et sincère mais médiocre
    Parce que ce film est pétri de bonnes intentions, et parce qu'il est totalement téléphoné. Parce que les solutions qu'il propose sont irréalistes et fallacieuses (dans un centre de réinsertion difficile, il vaut mieux comme Kamel faire du sport sinon on est un looser contraint à la mort). Parce qu'il répond aux questions au lieu de les poser en profondeur (la bonne volonté règle tous les problèmes). Parce que d'ici deux mois, il aura vieilli comme un mauvais clip mettant en scène des coups de gueule plutôt que des réflexions.Ces interrogations sont doublement paradoxales. Boursinhac filme des points de détail et non des idées qui lui seraient toutes personnelles. Ce processus consiste à bazarder les difficultés en trois plans, trois bouts de phrase. La durée chez Boursinhac est infiniment vide. On se trouve dans l'incapacité totale de différencier le réel de la fiction. Exemple : le héros, dans la seconde partie, est dans un état pitoyable. Dépendant de la drogue comme pas deux, il se lie d'amitié avec Kamel. Le plan suivant (environ 2 minutes dans le film et 1 journée dans l'histoire), nous voyons le même Kamel lui faire la morale " Pour que tu t'en sortes, il faut que ton coeur respire. Tu dois faire du sport ! " Le plan d'après nous présente notre Héros pratiquant son jogging matinal avec son nouveau meilleur ami, Kamel. Il pète la forme et se sent mieux : il ne touche plus à la drogue. Tout ça en trois minutes, le ministre de la santé devrait en prendre de la graine !Hors-sujet dans cette fausse réalité, absence formelles de point de vues du cinéaste, incohérences énormes dans le scénario. Menteur comme une publicité sur l'arrêt du tabac.Un pur moment de rock and roll
    De Manuel Boursinhac
    Avec Vincent Elbaz, Laurence Côte, Nicolas Abraham
    France, 1999, 1h45.