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Après la Seconde Guerre mondiale, un enfant unique issu d’une famille juive, découvre un lourd secret sur les évènements qui ont précédé sa naissance. Avec Un Secret, Claude Miller signe une adaptation exceptionnelle du roman éponyme de Philippe Grimbert. Le réalisateur ne commet à aucun moment l’écueil de traiter son sujet avec un pittoresque à outrance. L’originalité est au rendez-vous (scènes du passé en couleur et scènes du présent en noir et blanc) et la mise en scène efficace nous tient en haleine jusqu’au générique de fin. L’excellente performance des acteurs (Ludivine Sagnier, Julie Depardieu…) n’est pas non plus étrangère à la réussite du film. Un secret… poignant.
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Il faut le reconnaître: le film, classique et rigoureux, paraît parfois manquer d'audace, notamment dans les alternances temporelles matérialisées sur l'écran par les passages du noir et blanc à la couleur. Miller a déjà été esthétiquement plus inventif. Soit. Mais la puissance émotionnelle du film, fruit de son ambition et de son exigence, est si rare dans le cinéma français à vocation populaire qu'il serait injuste de s'arrêter à ces quelques réserves formelles. Dans son genre, Un secret est un denrée rare. Et donc un film précieux.
Toutes les critiques de Un secret
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Claude Miller est un vrai doux, mais un faux tendre. Apparemment sages, ses films dissimulent souvent une insolence secrète. Une dérision amusée, à la Tchekhov, devant les étranges comportements humains. L'insolence, on la trouve, ici, dans un épilogue inattendu et féroce. Et la dérision, tout emmêlée de tendresse, dans la scène superbe où le père (au fait, quel est le maquilleur fou qui a ainsi vieilli Patrick Bruel ?), survivant de tant de morts, s'effondre, soudain, à cause de celle qu'il a involontairement provoquée. Les voies de nos chagrins sont impénétrables.
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(...) c'est là le sujet central d'Un secret, qui revient sur ce moment où, sans être niée, l'histoire de l'extermination des juifs a été refoulée à la périphérie de la mémoire, jusque dans certaines familles juives. Comme s'il redoutait d'être écrasé par la force tragique de cette idée, Claude Miller s'est prémuni contre les accidents en revenant à la fiction, cinématographique ou télévisuelle, que l'on produisait en France sur ce sujet il y a quarante ans. Cette frilosité a fait fuir toute vie de son film.
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Patrick Bruel tient son double rôle de mari-amant viril avec détermination. Sans fioritures. Peut-être son meilleur rôle depuis longtemps (...).Il est aussi le témoin privilégié d'un duel de femmes magnifique: Ludivine Sagnier contre Cécile de France. Leurs personnages évoluent et s'étoffent au fil du récit dans la dignité et le silence, atteignant dans certaines scènes des pics d'une intensité rare.
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Au-delà du drame de la Shoah, le cinéaste nous raconte la petite histoire dans la grande, du point de vue de ce petit garçon solitaire qui a grandi juste après la guerre sur un non-dit enfoui au coeur de sa famille. Miller a pris le parti de faire toute la lumière sur l'histoire d'amour et de désir fou entre Tania et Maxime, celle qui va pousser dans l'ombre noire Hannah, troublande Ludivine Sagnier en jeune femme juive trahie.
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Claude Miller adapte le poignant récit autobiographique du psychanalyste Philippe Grimbert (Goncourt des Lycéens 2004) et, fort de la complicité d'acteurs au talent sûr, compose avec soin une oeuvre sensible autour de la mémoire, collective et familiale. L'émotion, proche de celle offerte par le livre, nous étreint.
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Claude Miller nous livre un beau film, pas un « Au revoir les enfants », mais un au revoir à un enfant à jamais perdu, comme onze mille autres. Reconstruire sur une tragédie, sur une mort, avoir une vie devant soi, car la vie comme le dit Chaplin dans « Limelight » est plus forte que la mort. « Un secret » c’est aujourd’hui et hier, l’Occupation et la collaboration, ces années qui donnaient des leçons à l’enfer. C’est aussi une famille et deux manières d’être juif en France. Il faut dire la belle interprétation de Patrick Bruel, qui depuis quelque temps acquiert une présence au cinéma : comme le disait Truffaut de certains comédiens, désormais la caméra l'aime. Il fallait un père pour interpréter cet homme meurtri pour toujours, il est magnifiquement le père de ce petit garçon disparu dans la nuit et le brouillard.
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En adaptant l'excellent roman de Philippe Grimbert, Claude Miller avait de quoi réaliser un de ces beaux films qui, à travers les destins particuliers, nous parlent de grandes tragédies collectives. Hélàs, Miller nous sert un médiocre téléfilm plombé par un casting de vedettes. Le film sonne faux et l'emploi de documents d'archives, insoutenables, accentue parfois l'artificialité.